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L'égalité des chances sur le marché du travail et à salaire égal travail égal : le système de transparence salariale obligatoire, l'écart de rémunération et la stratégie de l'Union européenne en matière d'égalité des sexes

Du 8 au 10 juin 2023, un séminaire international portant sur « L'égalité des chances sur le marché du travail et à salaire égal travail égal : le système de transparence salariale obligatoire, l'écart de rémunération et la stratégie de l'Union européenne en matière d'égalité des sexes », s'est tenu à Vilnius en Lituanie, organisé par LPS « Solidarumas » (Lietuvos Profesinė Sąjunga « Solidarumas »), en coopération avec EZA et financé par l'Union européenne.

L'événement a commencé par la visite du centre d'intégration des étrangers de la Caritas de l'archidiocèse de Vilnius. Le responsable du centre a présenté les activités, les programmes et les projets de Caritas. Les représentants syndicaux se sont intéressés à l'intégration des étrangers sur le marché du travail, ils ont posé des questions et discuté comment les syndicats pourraient être plus efficacement impliqués dans l'aide à l'intégration des étrangers.

Le 9 juin, la première session de l'événement s'est concentrée sur les politiques d'égalité des chances sur le lieu de travail et sur l'élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail. Rūta Juodelytė, représentante du Bureau du médiateur pour l'égalité des chances et experte en intégration de l'égalité des chances, a partagé ses idées avec les participants. Elle a présenté les étapes du développement et de la mise en œuvre des politiques d'égalité des genres sur le lieu de travail. L'article 7 de la loi sur l'égalité des chances et les articles 26 et 30 du Code du travail qui régissent ce domaine doivent être dûment pris en considération. L'égalité des chances devrait être assurée dans le processus de recrutement, dans l'évaluation et la rémunération des salariés, dans l'offre d'opportunités de carrière, dans le processus de garantie et d'adaptation des conditions de travail, y compris les aménagements raisonnables, et dans la fourniture d'un environnement de travail sûr. Selon l'expert, l'âge et le handicap sont les principaux motifs de discrimination à l'embauche.

Les questions liées à la prévention de la violence psychologique au travail ont été examinées par Edvardas Kviatkauskas, inspecteur en chef de la division de prévention de la violence psychologique au travail de l'inspection nationale du travail. Il s'est concentré sur le paragraphe 1 de l'article 30 du code du travail, qui stipule qu'un employeur doit créer un environnement dans lequel un salarié ou un groupe de salariés ne doit pas être soumis à des actions hostiles, contraires à l'éthique, dégradantes, humiliantes, agressives, abusives, insultantes, qui portent atteinte à l'honneur et à la dignité, à l'intégrité physique ou psychologique d'un salarié ou d'un groupe de salariés, ou qui visent à intimider, à humilier ou à mettre un salarié ou un groupe de salariés dans une position de défense et d'impuissance. Le paragraphe 4 de l'article 30 du Code du travail précise que l'employeur, dont le nombre moyen de salariés est supérieur à cinquante et qui a suivi les procédures d'information et de consultation prévues par le Code du travail, doit adopter une politique de prévention de la violence et du harcèlement, la publier de manière habituelle sur le lieu de travail et la mettre en œuvre.

Dr Ramunė Guobaitė, chercheuse représentant le Centre lituanien des sciences sociales, a présenté l'étude intitulée « Les objectifs de la prévention de la violence et du harcèlement sur le lieu de travail :l’honneur et la dignité ou/et la protection de la santé ». Elle a informé des entretiens approfondis menés à l'initiative du Centre lituanien des sciences sociales entre mai et juin 2020 avec des personnes (98 % de femmes) qui estimaient avoir subi des violences psychologiques dans l'environnement de travail entre septembre 2017 et juin 2020. L'une des six questions posées dans le questionnaire était « à quelles expériences stressantes avez-vous été exposé et quelles autres conséquences négatives avez-vous subies ? ». Dans leurs réponses, les personnes interrogées ont mis l'accent sur les conséquences liées à la santé (indépendamment de l'âge, de l'éducation ou de l'expérience professionnelle). Le stress au travail en Lituanie affecte la dynamique des maladies chroniques non infectieuses, des blessures et des suicides, et le groupe d'âge le plus courant pour le suicide en Lituanie est celui des personnes en âge de travailler (45-59 ans). Le programme de santé lituanien pour 2014-2025 souligne la nécessité d'accorder plus d'attention à un environnement de travail psychosocial sûr et sain.

La session était animée par Daiva Kvedaraitė, secrétaire générale de LTU « Solidarumas ».

La session ultérieure était axée sur la situation du marché du travail et l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes. Ramunė Grigienė, représentante du service de l'emploi de la République de Lituanie, a fait une présentation sur « la répartition de l'emploi par le genre en Lituanie, les tendances futures ». En Lituanie, la participation des femmes au marché du travail est l'une des plus élevées par rapport aux autres pays de l'UE. En 2022, le taux d'emploi des femmes (15-64 ans) en Lituanie était de 73,6 %, soit l'un des plus élevés de l'UE (6ème sur 27 États membres). Dans ce domaine, la Lituanie est devancée par les Pays-Bas, l'Estonie, la Suède, le Danemark, la Finlande et des pays non membres de l'UE tels que l'Islande, la Norvège et la Suisse. Le taux d'emploi des hommes était de 73,9 %, plus élevé que la moyenne de l'UE (69,8 % ; classée 17ème parmi les États membres de l'UE). Les écarts les plus importants entre les hommes et les femmes en matière d'emploi sont observés en Grèce (19,1 %), en Italie (18,1 %) et en Roumanie (17,1 %). Le taux d'emploi le plus élevé et l'écart le plus faible entre les hommes et les femmes se situent dans le groupe des personnes ayant un niveau d'éducation élevé. L'écart le plus faible se trouve dans le groupe à faible niveau d'éducation.

Des représentants de l'Allemagne ont présenté le projet « Un emploi à n’importe quel prix ? », un projet international financé par ERASMUS qui cible les femmes les plus vulnérables sur le marché du travail. LTU « Solidarumas » était le partenaire du projet.

La psychologue Odeta Šakėnaitė a donné une vue d'ensemble du travail précaire. Dans sa présentation, elle s'est attachée à essayer de trouver une réponse à la question « Pourquoi les femmes choisissent-elles un travail mal rémunéré ? ». La session était animée par Jovita Pretzsch, vice-présidente de LTU « Solidarumas ».

Regina Jarošienė, membre du conseil d'administration de LTU « Solidarumas », a animé la discussion intitulée « Les différences salariales et comment les éviter ». Kristina Krupavičienė, présidente du LTU « Solidarumas », a présenté l'avis du Comité économique et social européen et souligné que l'égalité entre les hommes et les femmes était une question culturelle et que, par conséquent, la responsabilité en la matière devant être assumée par la société dans son ensemble. Les attentes selon lesquelles une simple volonté politique et la législation amélioreront la situation en matière de réduction des différences salariales ne sont pas fondées. L'implication des partenaires sociaux dans la promotion de l'égalité entre les femmes et les hommes est importante, car elle est, à bien des égards, directement liée au marché du travail et aux conditions de travail. La négociation collective est un outil important pour parvenir à l'égalité entre les femmes et les hommes dans le monde du travail.

Ont participé à la discussion : Irina Semjonova, repésentante du syndicat mixte de la police lituanienne, Maria Jeskova, secretaire internationale d’EAKL, la Confédération syndicale estonienne, Dr Christina Herrmann et Karin Reisige NBH, Uwe Terhorst, Syndicat des travaileurs démocrates chrétiens, Allemagne, Jolita Kazlauskaitė, présidente du Syndicat des travailleurs d'UAB Sūduvos vandenys, des représentants de SAUATT, le Syndicat albanais indépendant de l'alimentation, de l'agriculture, du commerce et du tourisme.

La session de l'après-midi s'est poursuivie par une discussion sur le travail et les salaires. Elle était intitulée « À travail égal salaire égal, comment y parvenir ? Garantir l'égalité des chances en matière de rémunération et d’évolution de carrière ». La session était animée par Ričardas Garuolis, vice-président du LTU « Solidarumas ». Kristina Krupavičienė, présidente de LTU « Solidarumas » et Stanislavas Fedaravičius, chef de l'inspection du travail de LTU « Solidarumas », ont partagé leurs points de vue sur l'accessibilité et la transparence des systèmes de rémunération et le rôle que les syndicats devraient jouer.

La mise en œuvre de la politique d'égalité des chances dans les institutions de services sociaux, tel était le titre de la présentation d'Alma Nevierienė, présidente adjointe du LTU « Solidarumas ».

Sonata Vyšniauskienė, doctorante à l'Unité de recherche sur la démographie et la famille du Centre lituanien des sciences sociales, a présenté sa thèse intitulée « Congé parental et (in)égalité des sexes sur le marché du travail : les évaluations d'experts ».