Le syndicat républicain des salariés dans les compagnies d’assurances et les autres organisations financières de Serbie RS BOFOS, en coopération avec le Centre européenne pour les travailleurs (EZA) et financé par l’Union européenne, a organisé un séminaire ayant pour thème : « Lieux de travail sains : Prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) liés au travail dans le secteur financier », qui s’est déroulé à Belgrade en Serbie, du 1er au 4 mars 2023.
Plus de soixante représentants d’organisations de travailleurs originaires d’Espagne, de Lituanie, de Grèce, de Turquie, de Croatie, du Monténégro, de Bulgarie, de Bosnie-Herzégovine, de Macédoine du Nord, de Slovénie, du, Portugal, d’Albanie et de Slovaquie ont participé à ce séminaire.
L’aspect le plus important du séminaire était la formation des participants concernant la prévention des troubles musculo-squelettiques. Les participants au séminaire ont parlé du sujet suivant : des troubles les plus courants en lien avec le travail sédentaire et sur ordinateurs, auxquels sont confrontés les salariés, spécialement ceux du secteur financier. Également, le rôle du syndicat dans l’amélioration de la qualité de l’environnement de travail en termes de prévention des problèmes de santé les plus courants en lien avec le travail sédentaire et sur ordinateurs était un segment important du séminaire. Les exemples de bonne pratique dans la prévention des troubles musculo-squelettiques étaient le segment clé du séminaire. On a également discuté de l’importance d’inclure la question de la prévention des troubles musculo-squelettiques dans les conventions collectives. Ce séminaire était spécial parce que les participants ont eu l’occasion d’apprendre à pratiquer, et dans ce but, des exercices physiques utiles étaient prévus.
Le séminaire a été ouvert par Mme Mara Erdelj, présidente de RS BOFOS.
Voici les intervenants :
Dr. Maria Jose Rodriguez Ramos, professeure de droit du travail et de la sécurité sociale à l’université de Séville en Espagne, a exposé le sujet suivant : la campagne : « Des lieux de travail sains facilitent la tâche », « Soyons tous impliqués : comment mettre en œuvre une politique de prévention des troubles musculo-squelettiques », Que nous apporte « Le cadre stratégique de l’UE sur la santé et la sécurité au travail » ?
En tant que fait important, Dr. Maria Jose Rodriguez Ramos a souligné que des campagnes de santé étaient en cours sur les lieux de travail depuis 2000, au niveau de l’Union européenne, et que les pays candidats et les candidats potentiels seraient soutenus dans leurs efforts d’alignement des cadres et des politiques sur l’acquis de l’UE en matière de SST.
Elle a également déclaré que les priorités et les actions clés pour l'amélioration de la santé et de la sécurité des travailleurs dans le cadre stratégique 2021-2027 de l'UE étaient les suivantes : 1. Les transitions verte et numérique. 2. Les défis économiques et démographiques et 3. L'évolution de la notion d'environnement de travail traditionnel. S'agissant des problèmes de santé liés aux TMS, elle a déclaré que les troubles musculo-squelettiques couvraient un large éventail de problèmes de santé. Les principaux groupes sont les douleurs/lésions dorsales et les troubles des membres supérieurs liés au travail, communément appelés « microtraumatismes répétés ».
Les membres inférieurs peuvent être également touchés. Il est clairement établi que les TMS sont fortement liés au travail. La grande majorité des salariés du secteur financier travaillent au bureau. Le travail de bureau est inévitable dans ce secteur. Par conséquent, les salariés sont exposés à des problèmes ergonomiques dans l'environnement de travail. Les types de TMS liés au travail dont souffrent les salariés du secteur financier peuvent être les suivants : les douleurs dorsales et cervicales sont parmi les affections les plus courantes, suivies par la faiblesse musculaire, la courbure de la colonne vertébrale... Outre les troubles musculo-squelettiques, les salariés du secteur financier sont sujets à l'obésité abdominale, aux troubles de la vision et au stress... En ce qui concerne les mesures de prévention des TMS liés au travail, elle a conclu que plusieurs mesures pouvaient être mises en œuvre, telles que : un éclairage adéquat sur le lieu de travail, l'amélioration de l'environnement de travail, l'évitement des mouvements répétitifs à intervalles rapprochés, l'évitement de rejeter brusquement la tête en arrière, ainsi que de pencher le torse trop en avant, et l'évitement du transfert de vibrations au corps et en particulier aux mains.
Dans sa présentation, elle a spécialement souligné que tous les facteurs psychosociaux et organisationnels (des demandes d’emploi trop élevée, le manque de pauses au travail, une performance de travail trop longue ou trop rapide, le harcèlement, l’intimidation et la discrimination sur le lieu de travail, ainsi qu’une faible satisfaction au travail), qui plongeaient les salariés dans un état de stress, de fatigue et d’anxiété, augmentaient le risque de TMS.
Dr. Duško Ilić, professeur à la Faculté de sports et d’éducation physique de l’université de Belgrade en Serbie, propriétaire et directeur de l’académie PROFEX, créateur de la méthode MDI a parlé des procédures s’adressant aux personnes qui restent assises pendant de longues périodes de temps (faiblesses de l'appareil locomoteur et des articulations osseuses et autres faiblesses, passivité de la poitrine et bienfaits des techniques respiratoires, atrophie accélérée – nécessité de maintenir une bonne posture, un bon métabolisme et une bonne alimentation).
Comme élément d’information important, Dr. Duško Ilić a déclaré qu’un grand nombre de personnes, qu’elles soient chez elles ou au travail, n’avaient pas l’habitude de faire des exercices le matin, tandis qu’en Allemagne, les activités récréatives avant de travailler étaient courantes, et que le manque de telles activités causait un grand nombre de problèmes musculo-squelettiques. Il a également déclaré que les bureaux n’étaient pas souvent équipés de chaises et de tables adéquates. Il a souligné qu’une hauteur de table et qu’une hauteur de chaise inadéquates et que le type de dossier de chaise étaient la cause de problèmes musculo-squelettiques.
Les employeurs, en collaboration avec les architectes d'intérieur, doivent mettre l'accent sur l'impact que les bureaux peuvent avoir sur la santé de chaque salarié, lorsqu'il s'agit de l'organisation de l'espace de travail, a déclaré Dr. Duško Ilić. Il a ajouté que de plus en plus d'entreprises permettaient à leurs salariés de travailler à domicile et que cette façon de travailler pouvait avoir des conséquences extrêmement négatives sur le système musculo-squelettique. Que le fait de s'asseoir sur des surfaces molles, telles que des canapés auto-gonflables ou des lits, était terrible pour la statique corporelle et pouvait avoir de graves conséquences à long terme. Lorsque vous travaillez à domicile, asseyez-vous toujours à votre bureau, à la bonne hauteur et à la bonne distance de l'ordinateur, avec une bonne posture, des chaussures et une chaise, a déclaré dr. Duško Ilić. Il a également présenté la façon correcte de s'asseoir et a conseillé aux participants du séminaire de marcher sur la pointe des pieds 6 à 8 fois pendant 60 secondes au cours de la journée. Il a également souligné l'importance de la verticalisation des jambes, qui permet un rétablissement énergétique de la circulation sanguine. Il convient de noter que dr. Duško Ilić, était ancien entraineur conditionnel de l’équipe nationale de tennis serbe au moment où Novak Đoković a gagné la médaille de bronze à Beijing en 2008.
Mme Helena Koren, master de psychologie, cheffe du département de gestion du risque psychosocial, service de médecine du travail et de la sécurité au travail, à l’Institut croate pour la protection de la santé et la sécurité au travail (CDHZZZSR) – Croatie, a exposé le sujet suivant : « Les facteurs psychosociaux comme agents provocateurs de troubles musculo-squelettiques ».
Elle a souligné que, bien que les facteurs physiques sur le lieu de travail aient une plus grande influence sur le risque de troubles musculo-squelettiques liés au travail, les facteurs psychosociaux pouvaient avoir un effet significatif sur le risque de développer des TMS. 28 % des travailleurs de l'UE déclarent être assis au travail presque tout le temps, et 30 % supplémentaires déclarent être assis entre un quart et trois quarts du temps. La position assise a été signalée comme un facteur de risque de troubles musculo-squelettiques sur 60 % des lieux de travail dans l'enquête d'entreprise d'EUOSHA – ESENER (enquête ESENER 2019). Cela en fait le troisième facteur de risque le plus courant, a indiqué Helena Koren. Elle a également déclaré que les nouvelles méthodes de travail (par exemple le travail à distance, le télétravail) pouvaient être une source de nouveaux facteurs de risque psychosociaux et ergonomiques au travail.
Helena Koren a souligné que c'était dans le secteur financier que l'on trouvait la plus forte représentation de salariés qui travaillent dans des délais très courts (65 %), et qu'il existait un pourcentage de travailleurs qui ne savaient pas ce que l'on attendait d'eux (8,2 %), tandis que 74 % d'entre eux avaient des tâches complexes et qu'ils n'avaient pas assez de temps pour accomplir leurs tâches (38 %). Elle a rappelé qu'une étude menée auprès de salariés du secteur financier avait montré que les horaires de travail particulièrement longs étaient associés à un manque d'activité physique, ce qui était préjudiciable à la santé des travailleurs. Quant aux risques psychosociaux de développement des TMS dans le secteur financier, les plus courants sont : le travail avec les clients, les exigences élevées du travail et l'effort mental, l'intensité élevée de l'utilisation des TIC, les grandes responsabilités, les procédures strictes et le manque de contrôle de la charge de travail...
Dr. Marija Trajkov, professeure à l’Académie des études professionnelles, à Belgrade, département de la Haute école de la santé, a parlé des possibilités d’application d’exercices thérapeutiques et d’exercices de prévention des troubles musculo-squelettiques chez les travailleurs exposés aux charges de travail statiques sur le lieu de travail, et elle également donnée des directives pour la protection de la santé des travailleurs. Elle a également parlé des possibilités d’application de programmes de bien-être, de l’activité physique et de l’exercice pour les salariés.
Selon elle, les programmes de bien-être sur le lieu de travail visent à préserver la santé, à prévenir et à supprimer les maladies, à réduire les coûts de l'assurance maladie et à accroître la productivité des salariés. Elle a établi une distinction entre les programmes de bien-être – qui sont basés sur des activités (marche, exercices, mise en œuvre d’un régime alimentaire), et ces programmes, puisqu'ils sont axés sur les activités elles-mêmes, il n'y a pas de récompense prévue pour les salariés, et les programmes de bien-être qui visent à obtenir des résultats, c'est-à-dire un résultat où les gestionnaires peuvent récompenser un salarié qui a atteint un certain objectif de santé (par exemple la perte de poids) ou imposer une certaine forme de mesures punitives à un salarié qui n'a pas atteint un certain résultat. Hormis ces deux programmes de bien-être, Dr. Marija Trajkov a ajouté qu’il y avait des programmes de bien-être scientifiquement basés qui devaient être scientifiquement vérifiés. Ces programmes doivent avoir de réelles possibilités d’influencer l’amélioration de la santé ou la prévention des maladies parmi les salariés qui y participent. Elle a spécialement souligné les programmes de formation pour les salariés, qui leur fournit des informations sur les habitudes saines au travail, mais également sur les habitudes saines en dehors du travail, tout en tenant compte des conditions ergonomique sur le lieu de travail. Dr. Marija Trajkov a également donné des conseils pour un lieu de travail ergonomique bien organisé, tels que l'utilisation d'une bonne chaise avec un dossier, de manière à ce que le haut de l'écran se situe entre 5 et 8 cm au-dessus du niveau des yeux, et que l'écran lui-même ne soit pas éblouissant. Elle a insisté sur le fait que le salarié devait s'asseoir à une longueur de bras de l'ordinateur, que ses pieds devaient être à plat sur le sol ou sur le repose-pieds, et que le travail devait être interrompu par de courtes pauses.
Instructrice Qi Gong, Mme. Ilinka Aćimović, professeure et entraineuse de santé Qi Gong, secrétaire générale de l’Association Qi Gong de Serbie, a présenté aux participants les méthodes et les procédures de médecine traditionnelle en tant que thérapie de choix dans la rééducation et la pratique physio-thérapeutique. Elle a souligné que le Qi Gong comprenait réellement un large éventail d’exercices psychophysiques, mais également la régulation de l’esprit et la régulation de la pensée. Tous les mouvements de l’exercice devraient être exécutés correctement, doucement, avec un sens du confort, gentiment, habilement, systématiquement et en pleine attention.
En régulant le corps au niveau physique, par le biais de mouvements physiques, la base de la régulation de la respiration et de l'esprit est formée. « Qi » signifie énergie vitale et « Gong » signifie travail, accomplissement, de sorte que le Qi Gong représente le « travail sur l'énergie vitale ». Outre les points susmentionnés, Mme Ilinka Aćimović a souligné le besoin de respirer correctement. Dans le cadre de cet exposé, s’est tenu un atelier spécial intitulé « Exercices Qi Gong ».
Conclusions
Les sujets du séminaire étaient importants pour les représentants syndicaux, spécialement parce que les participants ont eu l’occasion d’échanger leurs expériences liées à la bonne pratique dans la prévention des maladies musculo-squelettiques, ainsi que les autres problèmes de santé liés au travail sédentaire et sur ordinateurs. La plupart du temps, une telle expérience sera utile aux participants qui seront capables de concevoir un plan d’action dans leur environnement de travail basé sur ces expériences.
En ce qui concerne les résultats du séminaire, les participants ont convenu que les risques associés au travail sédentaire pouvaient affecter tous les travailleurs qui passaient des périodes prolongées en position assise ou debout, en particulier les travailleurs du secteur financier. L'ampleur de la sédentarité au travail est alarmante compte tenu des problèmes de santé associés au travail sédentaire et aux périodes prolongées en position assise. L'inactivité au travail peut provoquer ou aggraver des TMS, tels que des raideurs musculaires et des douleurs au dos ou à la colonne vertébrale. Elle peut également contribuer au développement des maladies cardiovasculaires, du diabète de type 2, de l'obésité, des problèmes de santé mentale et même de la mort prématurée.
On a conclu que les syndicats devraient influencer l'employeur et le persuader de coopérer dans ce domaine en soulignant l'importance de cette question. La promotion de méthodes de travail saines et actives et la prévention des maladies à long terme peuvent accroître la concentration et, par conséquent, la productivité. Les conclusions indiquent que les employeurs devraient consulter le syndicat en utilisant une approche participative pour obtenir des idées et des suggestions de la part du syndicat. Les résultats de ces consultations peuvent ensuite servir de cadre à une politique ou à une stratégie de prévention spécifique. On a également conclu que les employeurs devraient fournir des équipements ergonomiques et des programmes de bien-être appropriés, et qu'il était nécessaire d'intégrer la question de la prévention des troubles musculo-squelettiques liés au travail dans les conventions collectives et les autres actes de l'entreprise. On a également souligné qu'il était nécessaire d'attirer l'attention des employeurs sur le fait que les facteurs psychosociaux étaient également à l'origine des troubles musculo-squelettiques sur le lieu de travail. En outre, les conclusions soulignent l'importance des séminaires pédagogiques organisés par le syndicat, qui fournissent aux membres du syndicat des informations sur les habitudes saines au travail.
Les participants au séminaire ont adopté la Déclaration en soulignant l'importance de la décision de l'OIT d'ajouter le principe d'un environnement de travail sûr et sain aux principes et droits fondamentaux au travail de l'Organisation internationale du travail (OIT). Dans la déclaration, ils ont souligné que les syndicats devraient identifier les risques musculo-squelettiques liés aux activités professionnelles et qui affectent la capacité de travail ou la qualité de vie des salariés.
En outre, comme le stipule la déclaration, les syndicats devraient remettre à l'employeur une proposition sur la prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) et insister, lors des négociations collectives, pour que la question de la prévention des troubles musculo-squelettiques soit incluse dans les conventions collectives. En outre, les syndicats devraient promouvoir la prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) liés au travail dans leur environnement de travail, ainsi que dans le public, en utilisant des moyens d'information publics. La formation des représentants syndicaux dans le domaine de la prévention des troubles musculo-squelettiques au travail (TMS) est un élément important de la prévention des TMS, selon la déclaration. Les syndicats devraient organiser davantage de séminaires et de formations sur ce thème. La déclaration souligne également que les syndicats devraient communiquer entre eux sur la prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) en partageant à la fois les problèmes et les exemples de bonnes pratiques.