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Façonner la relance post-pandémie en garantissant les intérêts des travailleurs : de nouvelles stratégies syndicales pour les nouvelles formes d'emploi

Du 22 au 24 juin 2022, un séminaire s’est déroulé à Sofia, en Bulgarie, intitulé, « Façonner la relance post-pandémie en garantissant les intérêts des travailleurs : de nouvelles stratégies syndicales pour les nouvelles formes d'emploi », organisé par PODKREPA CL (la confédération du travail PODKREPA), en coopération avec EZA et financé par l’Union européenne.

Cinquante-cinq représentants d’organisations de travailleurs originaires de Bulgarie, de, France, d’Italie, de Roumanie, de Pologne, de Chypre et d’Autriche ont participé au séminaire.

L’objectif du séminaire

  1. Prévoir un espace pour la discussion et la réflexion stratégique sur le monde du travail post-covid-19, explorant comment renforcer le dialogue social et les négociations collectives pour protéger les travailleurs dans toutes les formes d’emploi.
  2. Évaluation de l’impact de la pandémie sur la population active et échange sur l’implication des syndicats dans la mise en œuvre et la surveillance des plans de relance nationaux pour sauvegarder les emplois, amélioration des conditions de travail et renforcement de la protection sociale.
  3. Faciliter l’échange des points de vue sur les défis dans le contexte de la relance post-pandémique, ainsi que le rôle et l’implication des partenaires sociaux.
  4. Contribution à un nouvel agenda progressif syndical pour mieux protéger la population active dans toutes les formes d’emploi, démontrant le soutien nécessaire au cours de la transition verte.

Description du séminaire

  • Le forum a démarré par des messages d’idées clés sur le rôle des syndicats et des partenaires sociaux assurant une relance inclusive qui n’oublie personne.
  • La séance d’ouverture a été suivie d’une présentation théorique intitulée « Les réponses et les instruments politiques de l’UE permettant d’aborder les impacts négatifs de la pandémie sur les marchés du travail, sur l’emploi et les niveaux de vie ».
  • Conformément au programme, le deuxième module comprend :

- La présentation de l’expert « L’avenir du travail et des compétences : comment cela impacte l’économie et les marchés du travail – le projet NUMÉRIQUE PODKREPA ».

Réflexion et débat sur les actions syndicales en soutien de la population active dans le monde du travail post-covid-19.

  • Les troisième et quatrième modules que nous avons dédiés aux interventions nationales des organisations participantes portent sur la façon de mieux soutenir la population active : les expériences et les pratiques nationales et sur l’implication efficace des syndicats dans la relance post-pandémique.
  • Résumé « Élaboration de la relance et de la résilience, en garantissant les droits à l’emploi et la protection efficace de tous les travailleurs en activité ».
  • Le troisième jour, l’attention a été accordée aux sujets actuels de la transition équitable et de la transformation de l’emploi quant à la formation nécessaire et la requalification des travailleurs.
  • Table ronde : « Un plan d’action solidaire pour tous les travailleurs » afin d’échanger les stratégies syndicales visant à couvrir les nouvelles formes d’emploi.
  • Séance de remue-méninges : « Développement en confiance », en mettant l’accent sur la nécessité d’une nouvelle culture du partenariat, sur les possibilités d’augmenter la capacité de militantisme et sur la façon d’améliorer le pouvoir de négociation.
  • Module d’évaluation : résumé et conclusions.

Idées-clés

  • La pandémie a révélé les inégalités profondes au sein et entre les pays de l’UE, non seulement en termes d’impacts, mais également en termes de voie de relance contrastée. Car, concernant le processus de relance, les pays de l’UE sont soumis à de nouveaux chocs multiples. Pour le moment, seule la population active doit payer le prix le plus élevé, restant confrontée non seulement à la transformation et à l’insécurité de l’emploi, mais également à l’augmentation considérable des prix, spécialement des produits alimentaires et de l’énergie, perdant dramatiquement du pouvoir d’achat et s’enfonçant dans la pauvreté.
  • La relance économique requiert un investissement public important non seulement dans les formations et les compétences – la voie de la relance durable est de créer des emplois de qualité, de garantir une transition équitable et de réduire l’inégalité. Ce sont des défis importants et pour avancer, on a besoin de la mise en œuvre d’actions concrètes dans la société. En ce sens, les représentants des travailleurs, des employeurs et des gouvernements doivent relever ces défis ensemble de façon équitable et durable.
  • La relance fournit l’occasion de transformer le néolibéralisme actuel, orienté vers l’exportation et le cadre de développement axé sur la dette, au profit d’un cadre qui reconstruit l’économie dans le sens de la résilience et de la durabilité, favorisant une croissance économique basée sur les revenus et qui aborde la crise climatique. Le renforcement de l’implication des syndicats, la mise en place et la mise à jour de la politique sociale et des mesures pour soutenir l’emploi sont ici très importants. Le dialogue social est le lien de connexion pour concevoir des intérêts différents, pour établir le consensus et avancer grâce à la mise en œuvre du Plan national de relance et de résilience. La population active accomplira la transformation et la relance possible, l’exclusion de ses organisations/représentants de ce processus ne mènera qu’à de nouvelles tensions et erreurs. Les réponses politiques ne seront ainsi plus considérées comme temporaires et contingentes, mais réinterprétées comme solutions structurelles aux anciennes déficiences.
  • Pour assurer la relance, il est crucial d’avoir de la main-d’œuvre bien qualifiée. Ainsi, des politiques du marché du travail actives telles que la formation, la reconversion et le renforcement des compétences sont cruciales pour la création d’emploi et la reconstruction économique. Cependant, de telles politiques ne peuvent être efficaces que si elles sont le résultat du dialogue et de la négociation. À cet effet, le gouvernement national doit promouvoir et faciliter le dialogue et les consultations entre tous les niveaux de prise de décision, spécialement avec la jeunesse et au niveau sectoriel.
  • En ces temps difficiles, les syndicats doivent avoir le courage de dire la vérité aux travailleurs pour les futurs défis. Ce n’est que de cette manière que les syndicats préserveront leur influence sur le lieu de travail et trouveront de bonnes idées pour une relance verte, numérique et équitable, dotant les travailleurs des compétences dont ils ont besoin pour naviguer et réussir sur un marché du travail évolutif.
  • Pour les syndicats, c’est le moment de mobiliser et de prôner la dimension sociale dans la relance.

Les nouvelles formes de travail ne doivent pas devenir des synonymes d’existence précaires ou de défis de santé et de sécurité, ou d’accès inadéquat à la protection sociale. Les nouvelles formes de travail doivent être assorties de l’égalité des droits.

  • L’implication syndicale dans la mise en œuvre du PNRR doit correspondre à l’ampleur de la crise – une grande échelle coordonnée et compréhensive pour fournir des résultats concrets et tangibles à la population active.
  • Les services fournis aux membres syndicaux doivent être reformés et améliorés – l’orientation professionnelle, les clubs de travail pour les jeunes travailleurs, les nouvelles formules pour organiser les salariés fragmentés et en ligne devraient être réintroduits.
  • L’un des grands défis de la transition verte est profondément lié au principe de solidarité. En effet, le changement climatique est enraciné dans une triple inégalité : les plus riches produisent plus de gaz à effet de serre, les plus pauvres souffrent davantage de l’impact de la pollution, et l’accès aux choix de vivre une vie respectueuse de l’environnement n’est pas disponible pour les plus pauvres. Il est par conséquent essentiel que les syndicats apportent la question de la solidarité et de l’équité dans le processus. Nous devons garantir que la transition vers une économie verte ne crée pas davantage de division dans la société et qu’elle devienne un effort collectif pour rassembler les gens, augmentant leur bien-être.

Conclusions et recommandations

  • Après quatre décennies de promotion de la mondialisation, il est clair que le meilleur moyen d’avancer pour l’UE serait de montrer une plus grande solidarité, de donner de la certitude aux gens et d’offrir une certaine stabilité pour mieux absorber les chocs.
  • L’UE fait face à des menaces communes, à la fois géopolitiques et environnementales, contre lesquelles des actions commues sont nécessaires. La convergence dans l’EU est surtout économique, entrainant une inégalité accrue et des inégalités sociales entre les États membres. L’UE fait face à ces inégalités grâce au développement de la législation sociale, à l’amélioration de la situation pour accroitre le revenu, à l’amélioration de la politique en matière de retraite, au système de formation et au développement du marché du travail. La convergence socioéconomique doit devenir l’un des objectifs les plus importants à atteindre par les syndicats dans le soutien à la création d’emploi, à la compétitivité, à la croissance économique, à l’amélioration de la qualité de vie et à la modernisation de la protection sociale.
  • Les politiques de l’UE doivent être réorientées vers les citoyens ordinaires : la relance économique et la transition verte ne peuvent être efficacement abordées qu’à travers le changement social vers une société basée sur les principes de démocratie, de justice  sociale, de, solidarité et de durabilité.
  • Les emplois inclusifs, résilients et durables et le plan de relance ne doivent être mis en œuvre que via un dialogue social significatif et constructif parmi les syndicats, les employeurs et le représentant du gouvernement. L’implication des syndicats dans l’élaboration des politiques peut garantir que les emplois et les plans de relance répondent à la situation et aux besoins de la population active.
  • Le premier défi clé pour les syndicats est de réussir à faire de l’agenda des salaires décents un objectif de politique publique parce que seul l’emploi de qualité contribuera à réduire les inégalités et la pauvreté.
  • Le deuxième objectif clé est de trouver les outils syndicaux appropriés pour soutenir les travailleurs dans leur déplacement des différents types d’emploi et lieux de travail. Ici, nous devons proposer une vision créative de la façon de mieux représenter les intérêts des travailleurs, spécialement de la jeune génération.
  • La réussite de la stratégie pour la charnière future sur le partenariat – les activités syndicales doivent surtout se concentrer sur la médiation, puis sur le parrainage.
  • Au 21ème siècle, les syndicats doivent réorganiser les mécanismes organisationnels et opérationnels et passer au mobile. L’exploitation de la technologie et la discussion avec la nouvelle nature de l’emploi, nous devons rassembler les travailleurs de manière à éviter les risques de fragmentation, d’atomisation et de déresponsabilisation de la population active.

Le changement de culture syndicale démarrera la transformation – l’organisation en ligne, en partageant les informations avec les collègues, les groupes de défense des droits des travailleurs, la possibilité consultative numérique, les innovateurs sociaux, le réseau avec des tuteurs expérimentés – tout cela est une façon de démarrer le renouveau des organisations de travailleurs.