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Rôle du dialogue social dans le financement des tâches d'éducation pendant et après la COVID-19

Du 12 au 14 mai 2022, un séminaire de la Plateforme pédagogique d’EZA s’est tenu à Gdansk, dédié au « Rôle du dialogue social dans le financement des tâches d'éducation pendant et après la COVID-19 ». Vingt-trois représentants d’organisations de travailleurs présents à la fois sur place et en ligne ont participé à la réunion organisée sous forme hybride. Celle-ci était organisée par KK NSZZ « Solidarność » (Komisja Krajowa NSZZ « Solidarność »), avec le soutien d’EZA et financé par l’Union européenne.

Jerzy Jaworski – vice-président de la Commission nationale de NSZZ « S », a débuté la réunion. Il a souligné l’importance du sujet et la possibilité d’une réunion personnelle en dépit de la guerre en cours en Ukraine, introduisant l’aide actuelle fournie par « Solidarność » aux réfugiés de la guerre. Puis, les participants ont été accueillis par Józef Mozolewski – vice-président d’EZA qui a remercié pour l’effort accompli dans l’organisation du séminaire, tout en sélectionnant le sujet en lien avec la pandémie de COVID-19 qui a eu un impact sur les économies de tous les pays et causé de nombreux problèmes dans le secteur éducatif. Comme souligné, la guerre en Ukraine et l’influx de nombreux enfants ukrainiens vers les écoles polonaises, est maintenant un autre défi que les enseignants doivent affronter.

Ryszard Proksa, le président du « Solidarność » pédagogique, a souligné que la question des réfugiés d’Ukraine était encore plus gave que les problèmes causés par la pandémie, prenant en compte l’insuffisance de soutien financier pour ce secteur de l’UE. Il a également souligné qu’en absence de réglementations légales, les enseignants avaient été souvent laissés seuls en ce qui concerne l’apprentissage à distance pendant la pandémie, ce qui est maintenant discuté face au retour attendu de la pandémie à l’automne.

Puis, l’animatrice de la réunion, Elżbieta Wielg – une spécialiste de la Commission nationale de NSZZ « Solidarność », a accueilli les participants, présenté le sujet et l’agenda modifié de la réunion.

La première présentation a été faite par Tomasz Gryczan, un représentant de NSZZ « Solidarność », sur l’impact de la guerre en Ukraine sur l’éducation en Pologne, se focalisant sur les défis, les attentes et les solutions possibles aux problèmes existants. Il a également parlé de la coopération internationale des parties intéressées (incluant la Commission européenne, le ministère de l’Éducation et des Sciences et les enseignants), liée à la crise des réfugiés dans le secteur des sciences et de l’éducation. « Solidarność » prévoit de débloquer des fonds du Plan national de relance et de résilience pour l’infrastructure et d’autres fonds nécessaires à l’éducation et à l’assistance, incluant le soutien psychologique aux enfants des zones en guerre. L’autre idée avancée par les syndicats est de renforcer la division de l’enseignement, puisqu’il y a eu des pénuries parmi les spécialistes techniques depuis de nombreuses années. Sur la question du dialogue, « Solidarność » n’a pas été autorisé à participé à la réunion dédiée à la crise des réfugiés, d’une manière étrange à cause du manque d’influence des enseignants sur un sujet dans lequel ils sont directement impliqués. En résumé, il a souligné que les sciences et l’éducation polonaises n’avaient reçu aucune aide financière supplémentaire après le déclenchement de la guerre en Ukraine et que la situation était très dynamique et changeait presque tous les jours.

La prochaine présentation a été faite par Vesna Zarkovic - GSPRS Nezavisnost, spécialiste de Serbie, sur le modèle de financement des tâches pédagogiques pendant et après la pandémie de COVID-19, tenant compte des avantages et des inconvénients du modèle et du rôle des partenaires sociaux dans son développement et sa mise en œuvre. La plupart des écoles sont publiques et pendant la pandémie, elles ont dû passer à l’apprentissage à distance, lequel a été un très grand défi pour la société. Elles ont reçu une partie des fonds pour l’infrastructure de la Banque centrale européenne, destinée, entre autres, à l’Internet à grande vitesse et à l’équipement informatique tel que les ordinateurs portables et les tablettes. Les enseignants ont été confrontés à de nombreux défis tels que la communication et la planification des cours, ainsi qu’au manqué de compétences numériques et de soutien psychologique pour les étudiants, lesquels ayant entrainé le manque de motivation parmi ce groupe. En Serbie, les enseignant ont vingt-cinq jours de congés, utilisent leurs ordinateurs privés, organisent eux-mêmes le matériel numérique pour l’apprentissage à distance, leurs salaires sont moyens et ils doivent gagner de l’argent supplémentaire en donnant des cours privés.

À la fin de la première journée, après le débat, Jerzy Elwartowski de KSOiW NSZZ « Solidarność » a fait une présentation sur le même sujet vue sous l’angle de la Pologne, montrant les dispositions légales sur la loi de financement des tâches pédagogiques et sur la loi sur les revenus des unités gouvernementales locales. De ces revenus, on sépare la subvention générale à l'éducation et ses réserves qui sont à la disposition du ministre des Finances compétent après consultation du ministre de l'Éducation. La subvention est ensuite répartie entre les municipalités en fonction du nombre d'étudiants en conversion. Parmi les inconvénients du modèle polonais, il a souligné que l'algorithme de distribution des subventions ne fournissait pas de méthode de calcul objective, claire et transparente des fonds nécessaires, faute de prendre en compte, par exemple, la richesse des collectivités locales. Parmi les points positifs, il a souligné la flexibilité des dépenses des unités du gouvernemental local et la possibilité de réagir rapidement aux changements. C’est  également une source de revenus solide malgré les changements économiques. En cas de retour de la pandémie, le plan national de relance et de résilience prévoit 2,4 milliards de PLN pour le matériel informatique, les logiciels et la formation des enseignants à l'utilisation des technologies modernes. En outre, pour la formation professionnelle dans l'industrie, le développement d'infrastructures de recherche et la modernisation thermique des écoles et des établissements d'enseignement. Jusqu'à présent, ces fonds ont été bloqués par la Commission européenne et la Pologne ne peut pas en profiter.

Les jours suivants, les participants au séminaire ont écouté les présentations subséquentes sur les modèles de financement des tâches pédagogiques en Espagne, au Portugal et en Bulgarie et mené des débats sur l’impact de la pandémie sur le dialogue social dans le contexte de la révolution numérique, ainsi que discuté des nouvelles questions et des nouveaux domaines de travail pour la Plateforme pédagogique à l’avenir.

La situation au Portugal a été présentée par Maria Reina Martin (FIDESTRA), où « L’école + le projet 21-23 » ont été introduits pour compenser le dommage causé par deux années de pandémie, allouant 900 millions d’euros supplémentaires à l’éducation, notamment pour : l’assistance psychologique, l’infrastructure technique et les activités pédagogiques supplémentaires. Dans le cadre de ce projet, on a ouvert, entre autres, des laboratoires numériques pour améliorer les compétences numériques des enfants. Présentant le système éducatif du pays, elle a souligné l’augmentation du nombre d’enseignants et le déclin simultané des salaires et du prestige de la profession d’enseignant.

Yuliyan Petrov de SEP a présenté la situation dans le secteur éducatif en Bulgarie, où, il y a quelques jours, les conventions collectives ont été négociées pour les jours de congés supplémentaires après la vaccination et la maladie, et deux augmentations ont été effectuées garantissant 125 % du salaire brut moyen du pays. Malgré cela, ils sont les plus bas de toute l'UE. Le dialogue social a également été reformaté à distance, de sorte qu’on s’est réuni encore plus souvent que d'habitude, bien qu'avec moins d'intensité. Au moins au niveau national, cela a représenté une certaine valeur ajoutée et, par conséquent, cette forme de réunions sera également utilisée par les syndicats à l'avenir. Au départ, le plus gros problème des enseignants était le stress excessif qui augmentait le risque d'épuisement professionnel et le risque de dépression.

Imma Badia Camprubi d’Espagne (USO), a fait une autre présentation en ligne sur le même sujet, présentant le système éducatif et ses sources de financement, incluant 16 millions d’euros supplémentaires alloués pour combattre les effets de la pandémie. Les effets sociaux sur la santé mentale, la perte d’emploi et l’anxiété étaient tous aussi graves que dans les autres pays. Concernant le dialogue social, il n’y a pas eu de consultation sur la législation avec les syndicats pendant la pandémie, ayant donné lieu à des protestations à travers le pays.

Après la pause déjeuner, une série de débats en plénière a débuté. Tout d'abord, les possibilités et les conditions d'application des solutions présentées dans d'autres pays ont été discutées. Les participants ont échangé des informations et des bonnes pratiques, tout en tenant compte des conditions d'un pays donné. Ensuite, il a été question de savoir si la période de la pandémie avait modifié le dialogue social et comment les partenaires sociaux devraient intégrer le phénomène de la transformation numérique dans leurs activités. Les participants ont souligné que les réunions à distance permettaient un contact rapide et facile, notamment dans les situations de crise, mais que rien ne pouvait remplacer la rencontre directe des parties et les discussions en face à face, même en dehors de l'agenda. Néanmoins, la possibilité de se réunir rapidement dans un groupe plus large sur la Plateforme Internet restera à jamais un outil du dialogue social. L'inconvénient d'une telle solution est un certain radicalisme des points de vue et l’absence de freins dans l'expression de son opinion, les décisions sont prises plus rapidement, sans la nécessité d'une conversation approfondie, ce qui est crucial pour prendre des décisions responsables. On a souligné que, indépendamment de la forme dans laquelle la réunion a lieu, le problème était qu'il était trop tard pour envoyer des études ou des projets d'actes juridiques, et parfois même pour la portée des discussions, ce qui est un plus grand problème que la forme des réunions elle-même. En ce qui concerne les problèmes dont il faudra discuter à l'avenir, des exemples d’augmentation de l'agressivité et de la violence, non seulement entre les élèves, mais aussi contre les enseignants, ont également été cités. Nous avons perdu nos compétences sociales sur lesquelles les syndicats devraient également travailler et investir. Le problème du harcèlement est un très gros problème et une question importante à soulever lors des futures réunions de la Plateforme. Le harcèlement ou la violence entre pairs est reconnu par l'OMS comme l'une des plus grandes menaces pour la santé mentale des enfants et des adolescents. En Espagne, environ 26 % des élèves ont été touchés par ce phénomène, à la fois personnellement et en ligne (cyber-brimades). L'âge moyen d'une victime de ce phénomène est de 13 ans, il est donc nécessaire de fournir un soutien mental et de réaliser des investissements appropriés dans ce domaine.

D'autres idées de sujets pour l'avenir sont les suivants : l'éducation inclusive sur les fausses nouvelles ou la cybercriminalité, la migration des populations, y compris l'assimilation des réfugiés de guerre et les bonnes pratiques dans l'apprentissage tout au long de la vie. Selon les participants du Portugal, les sujets pour l'avenir sont les suivants : les processus analytiques, le développement des nouvelles technologies et l'intelligence artificielle dans l'éducation. On a indiqué que lors d'autres événements d'EZA, le thème de l'éducation devrait également y être abordé. Les participants ont discuté des fonds alloués à l'éducation, en soulignant qu'il ne s'agissait pas seulement d'ajouter de l'argent, mais de modifier le système, de vérifier comment cet argent était dépensé et de promouvoir et de diffuser le slogan « L'éducation comme investissement dans la société, et non comme coût financier »

Puis, l’animatrice, Elżbieta Wielg, a présenté le rapport d’activités de la Plateforme pédagogique pour la période de 2016 à 2022, soulignant les plus gros problèmes affrontés par cette branche. Elle a souligné le problème du déclin du prestige de la profession d’enseignant qui devrait être revalorisée en utilisant des outils appropriés et elle a également discuté dans les plus vastes forums d’EZA, et non seulement au sein d’un petit groupe de travail. Elle a présenté les objectifs de la Plateforme, les méthodes de travail, les lieux de réunion et les sujets discutés au cours des réunions. Elle a souligné trois facteurs qui influencent l’efficacité, la qualité des intervenants, l’échange actuel des expériences et la prise de mesure par les syndicats entre les réunions sur les sujets discutés. Elle a proposé une discussion au sein de ses propres pays sur la redéfinition des principales d’opération et la méthode d’augmentation de l’efficacité de la Plateforme. Les participants ont proposé de publier un petit dossier promouvant le travail et les accomplissements de la Plateforme.

Le plus grand défi commun pour les pays participants était la santé mentale et les compétences sociales des enfants qui ont souffert le plus pendant la pandémie de OVID-19. Par chance, cela a été reconnu par les gouvernements nationaux et diverses contremesures ont été mises en œuvre. Afin de renforcer l’aide, il est également important d’activer l’aide de l’UE pour renforcer le dialogue social dans ce domaine. L’élément final était le débat sur les mesures à prendre pour mieux utiliser le dialogue social dans les situations de crise mondiale. En guise de principale conclusion du séminaire, les participants ont souligné que l'éducation n'était pas un coût. Après l’échange d’opinions et de suggestion, l’animatrice a clôturé le séminaire.