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L’implication active dans le processus d’intégration européenne pour les organisations de travailleurs des Balkans occidentaux

Les 18 et 19 novembre 2022, un séminaire de deux journées s’est tenu à Skopje/Macédoine du Nord portant sur « L’implication active dans le processus d’intégration européenne pour les organisations de travailleurs des Balkans occidentaux », organisé par EUROFEDOP et financé par l’Union européenne. Le séminaire a été réalisé dans le cadre du projet spécial d’EZA « Renforcement du dialogue social – élaboration de l’intégration européenne » pour les organisations de travailleurs dans les Balkans occidentaux. Il était dédié au contexte actuel des Balkans ‒ aux négociations d’adhésion pour l’appartenance à l’Union européenne, menées par quatre pays, la Serbie, le Monténégro, la Macédoine du Nord et l’Albanie. Outre les pays menant les négociations d’adhésion, ce projet comprenait aussi des partenaires du Kosovo (en tant qu’invités), la Slovénie, la Roumanie, l’Autriche et la France, en tant qu’États membres. Basé sur les conclusions de plusieurs années de recherche dans le cadre du projet, le séminaire a discuté de plusieurs aspects du processus d’adhésion à travers le prisme de la participation syndicale. Tenant compte que la Serbie et le Monténégro étaient des pays qui menaient des négociations d’adhésion avec l’UE et que, cette année, la Macédoine du Nord et l’Albanie ont commencé les négociations d’adhésion avec l’Union, il est crucialement important de trouver les mécanismes pour renforcer le rôle des organisations de travailleurs dans ce processus comme élément de la société civile afin d’exercer une pression sur les gouvernements nationaux et de contribuer à l’avancée des droits du travail.

Le séminaire a commencé par les allocutions introductives de Violeta Dimitrieva du Ministère du travail et de la politique sociale, qui a donné un bref aperçu du sujet du point de vue du ministère et de ses compétences. Elle a souligné le rôle du ministère dans le processus, en mentionnant les opportunités potentielles des syndicats à ce stade des négociations. Boro Veligdenov, président du syndicat des opérateurs des postes et des télécommunications de Macédoine, a souligné la nécessité d’inclure les syndicats dans le processus d’intégration européen. Le président de l’Union des syndicats de Macédoine, Darko Dimovski, est également intervenu lors de la séance d’ouverture. Il a parlé de leur participation au dialogue social, soulignant le faible niveau du dialogue social dans le pays.

Dans la première session, les panélistes ont approfondi la discussion en termes de négociations d’adhésion à l’UE et de zones potentielles d’action pour les syndicats. Le secrétaire général d’EUROFEDOP, Bert Van Caelenberg, a présenté le processus d’adhésion à l’UE du point de vue syndical. Il a souligné l’importance du dialogue social dans l’intégration européenne, ainsi que des diverses opportunités de projets et de collaborations entre les différents pays et les différentes organisations afin d’acquérir de l’expérience et des connaissances. Bert Van Caelenberg a également souligné la nécessité de commencer à créer des stratégies d’organisation et de participation syndicales pour le syndicat, principalement pour l’intégration du marché européen. On a besoin d’agir et de montrer plus d’engagement concernant ces questions. Les difficultés locales et mondiales ne sont pas si différentes, pour les surmonter, des idées et des mouvements innovants sont nécessaires, qui sortent du cadre de l’organisation syndicale traditionnelle. Selon lui, soit le rôle des syndicats en coopération avec la société civile sera renforcé et contribuera à l’accélération des réformes européennes dans les pays adhérents, soit l’émigration des jeunes vers l’UE à la recherche de la vie européenne en dehors des frontières s’accélérera. Les syndicats devraient non seulement élargir leurs horizons pour œuvrer à accroitre l’appartenance, mais prêté également leur attention aux jeunes travailleurs parce que les jeunes sont la force motrice de la société, qu’ils sont attirés par l’idée de l’Union européenne, et que c’est la raison pour laquelle, parmi eux, un grand nombre quittent leurs pays d’origine. Pour créer une atmosphère européenne pour les syndicats, il est nécessaire de les transformer de l’intérieur.

Steffen Hudolin de la délégation européenne a parlé de la société civile, des syndicats et du processus de pré-adhésion. Un engagement conjoint est nécessaire dans les négociations des pays des Balkans occidentaux. Outre les amendements légaux, il est nécessaire d’apporter un changement dans la pratique et d’activer l’application des lois pour protéger les citoyens et les travailleurs. Les organisations de la société civile qui seront également touchées par les changements devraient être inclues dans le dialogue social. Mais, comme il l’a conclu, la marge d’action pour la mise en œuvre réelle des réformes pour l’adhésion à l’UE est précisément au cours des négociations parce que plus tard, il serait trop tard et que le travail serait fini.

Prof.  Dr. Lazar Jovevski a présenté les négociations d’adhésion à l’UE et les syndicats en Albanie et en Macédoine du Nord. Il a parlé des récents rapports sur le progrès de la Commission européenne accompli pour la Macédoine du Nord et l’Albanie, soulignant les domaines dans lesquels les deux pays avançaient ou prenaient du retard. Ni la Macédoine ni l’Albanie n’ont de problèmes avec la législation, mais avec la mise en œuvre pratique de leurs lois. Cela exige la maturité de tous ceux et de toutes celles qui participent au dialogue social, en écoutant et également en s’impliquant activement parce que les changements devraient être accomplis maintenant avant l’entrée dans l’UE et non pas après. Les syndicats doivent être prêts pour ces changements, sinon ils se trouveront eux-mêmes dans une situation où ils ne sauront pas quel rôle il devrait jouer.

Antonino Scribellito, chef de projets à PostEurope, a mis en évidence le rôle de l’industrie postale et le rôle qu’ils jouaient dans la RSE (responsabilité sociale européenne). Ivana Mihajlovic, secrétaire général adjoint, à l‘Union des syndicats libres du Monténégro, a parlé des syndicats et de la société civile dans le processus d’adhésion à l’UE, dans le sujet « Le rôle des syndicats dans le processus d’adhésion du Monténégro à l’UE » et Koli Signari du monde des affaires d’Albanie, dans le sujet « Le dialogue social et l’intégration européenne du point de vue des employeurs ».

En guise de résumé de ce qui a été dit, les participants aux groupes de travail ont travaillé sur « Les stratégies pour une meilleure communication avec les institutions européennes et les décideurs politiques », et les autres sur « La parole des organisations de travailleurs à l’intérieur de l’UE ‒ Comment partager et discuter des sujets en lien avec l’élargissement de l’UE au sein d’une organisation ». Les conclusions de ces groupes de travail ont été présentées au cours de la prochaine journée par les animateurs des groupes, Lazar Jovevski et Sladjanka Milosevic de la Fédération des employés de la jurisprudence en Serbie. Au sein du groupe qui discutait des stratégies pour une meilleure communication avec les institutions de l’UE et les décideurs politiques, dirigé par Lazar Jovevski, la France, le Kosovo, la Roumanie et l’Albanie y ont participé. Ils ont souligné que la communication interne dans les syndicats pouvait représenter un défi sérieux en termes de communication supplémentaire avec les institutions européennes. Seuls les syndicats unis auront suffisamment de pouvoir de négociation pour effectuer le changement. Au sein de l’autre groupe dirigé par Sladjanka, auquel les représentants de Serbie, de Macédoine, du Monténégro et de Slovénie ont participé, on a discuté de la façon de communiquer et de discuter des questions en lien avec l’UE au sein du syndicat lui-même. La nécessité d’une meilleure formation à l’appartenance sur les sujets en lien avec l’UE a été soulignée ici. Dans ces pays, le syndicalisme est réduit au combat pour survivre qui laisse peu de place au développement ultérieur.

Après la présentation des conclusions, une autre table ronde a suivi, où les participants ont posé un grand nombre de questions, ils ont donc discuté du chômage qui continue à être un grand problème dans les Balkans du Sud-Est et également des salaires relativement bas et du travail bon marché. Cette partie des Balkans doit souvent faire face à la répression en relation avec les mouvements syndicaux et même à des attaques contre les représentants syndicaux en raison de leurs actions syndicales. À cet égard, la nécessité de trouver des mécanismes appropriés empêchant la discrimination syndicale émerge également. Après la fin de la table ronde, Bert Van Caelenberg et Boro Veligdenov ont prononcé les mots de clôture, remerciant tous les participants pour leur contribution à ce projet en fin de séminaire.