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Les syndicats d'aujourd'hui et de demain ! Développer les compétences numériques dans les syndicats après avoir fait face aux effets de la COVID-19

Un séminaire international portant sur le thème « Les syndicats d'aujourd'hui et de demain ! Développer les compétences numériques dans les syndicats après avoir fait face aux effets de la COVID-19 », organisé par CNS «  Cartel Alfa »/F.N.CORESI (Confederaţia Naţională Sindicală « Cartel Alfa »/Fundaţia Naţională CORESI), en partenariat avec EZA et avec l’aide financière de l’Union européenne, a eu lieu à Bucarest, du 20 au 23 septembre 2021. Le séminaire s’est déroulé en format hybride, avec quarante-sept participants en personne (y compris l’équipe du projet) et trois invités participant aux débats en ligne.

L’ordre du jour a été suivi selon le programme prévu et, sur la base des commentaires et des questionnaires des participants, l’organisation de l’événement était très satisfaisante, tandis que le contenu des présentations et des débats a été jugé significatif et inspirant pour leurs activités et leurs projets organisationnels.

Le thème du séminaire a été considéré comme particulièrement opportun, car la période de la pandémie a apporté de nombreux changements et défis à la fois sur le marché du travail et en ce qui concerne les activités des organisations de travailleurs. Il a accéléré la transformation et la nécessité de s’adapter rapidement à la numérisation des activités et des interactions.

L’ordre du jour était focalisé sur les débats sur une série de sujets liés au thème du séminaire : comment renforcer le dialogue social, comment les syndicats peuvent-ils être prêts pour la négociation et recruter de nouveaux membres, tandis que les services aux membres se diversifient, comment les syndicats peuvent-ils être activement engagés dans l’élaboration des plans de relance et comment partager et prolonger au mieux les meilleures pratiques ?

  • Les effets de la pandémie sur le marché du travail. La discussion s’est concentrée ici sur les développements récents sur le marché du travail, la prolifération du travail partiellement non déclaré et les moyens de lutter contre ce phénomène. La pandémie a accéléré le changement de législation, afin de protéger les travailleurs et les entreprises dans le cadre des mesures sanitaires, mais en même temps, elle a créé certains problèmes en instaurant des dispositions défavorables aux travailleurs (telles que le renouvellement automatique des conventions collectives pendant la période de restrictions sanitaires qui s’est finalement transformé en blocage de celles-ci), entraînant de nouvelles formes possibles d’exploitation des travailleurs. Le phénomène du travail à distance, qui connaît un développement sans précédent, pose de nouveaux problèmes et les débats houleux avec le représentant de l’inspection du travail ont suggéré de nouvelles voies de coopération pour y remédier.
  • Le rôle de la numérisation dans l’activité syndicale. Les participants ont souligné la nécessité pour les syndicats de trouver de nouveaux moyens de communication qui les maintiennent pertinents et proches de leurs membres. Un large éventail de stratégies et d’outils numériques ont été présentés (de l’ancien site web aux applications innovantes et aux outils de mesure de la rétroaction) qui peuvent être utilisés avec succès pour faciliter le travail syndical et renforcer les organisations de travailleurs. Bien utilisée, la numérisation offre aux syndicats les moyens de rester à la fois pertinents et représentatifs pour leurs propres membres et d’avoir un rôle à jouer dans l’influence des politiques publiques. 
  • Adapter les syndicats au contexte de la pandémie. Le travail syndical, une activité sociale, qui unit et soutient les gens, reste un défi en ces temps de crise. De grandes difficultés ont été ressenties dans le besoin soudain de numérisation des processus, en particulier par les syndicats qui appuyaient la plupart de leurs activités sur le mode traditionnel d’interaction avec les membres. L’une des conclusions du panel est que les syndicats qui avaient entamé le processus de numérisation bien avant la pandémie étaient beaucoup mieux équipés pour faire face aux défis posés par la crise sanitaire, augmentant même le nombre de membres pendant la pandémie ainsi que leur rôle et leur pertinence dans la crise.
  • Orientations du développement pour les syndicats et les organisations d’employeurs. La question de l’instauration de la confiance entre les partenaires sociaux a été au cœur de la discussion et la nécessité de pratiquer le dialogue afin d’aborder efficacement les grands défis que les prochaines décennies apporteront aux marchés du travail, où les partenaires sociaux, les organisations de travailleurs et d’employeurs devront jouer un rôle et une contribution actifs. À cette fin, l’organisation patronale s’est lancée dans un vaste projet afin de clarifier l’authenticité de la représentativité des différentes entités engagées dans des processus de dialogue social, et la numérisation est un instrument clé à cet effet.
  • Stratégies et modèles de recrutement de nouveaux membres. Cependant, on a souligné que le recrutement de membres (la préoccupation et l’effort constants des syndicats partout dans le monde) ne devrait pas être une fin en soi, dans le seul but d’augmenter les ressources financières du syndicat, et qu’il ne devrait pas être séparé de l’objectif général des syndicats, c’est-à-dire de la construction d’un pouvoir collectif pour améliorer les conditions de travail de ses membres et de la négociation, afin d’acquérir une part plus équitable de la richesse générée. 
  • Diversification des services syndicaux dans le contexte des nouveaux défis sur le marché du travail. La présentation et les commentaires sur ce panel ont donné lieu à un débat animé sur le rôle de la prestation de services fournie aux membres en tant qu’élément central de l’activité syndicale ou en complément de l’activité principale du syndicat qui consiste à améliorer la vie et les conditions de travail de ses membres. On a largement admis que, bien que la prestation de services soit un excellent instrument pour réacheminer et maintenir l’adhésion, elle ne doit pas occulter l’objectif principal des syndicats : promouvoir la justice sociale par la négociation et l’action collective.

Le tour d’horizon des conclusions des trois jours d’échanges d’idées et de bonnes pratiques a donné lieu à quelques points et orientations d’action sur lesquels les participants se sont mis d’accord :

  • la numérisation doit faire partie d’une stratégie organisationnelle à long terme ;
  • la nécessité de renforcer la coopération avec l’inspection du travail et d’autres institutions compétentes afin de relever les nouveaux défis posés par la numérisation sur le marché du travail ;
  • Le renforcement de la confiance est essentiel à la réussite du dialogue social et la numérisation des processus peut contribuer et faciliter la réalisation de cet objectif ;
  • Le recrutement de membres ne devrait pas être une fin en soi, mais simplement faire partie de la stratégie visant à renforcer le pouvoir collectif ;
  • La prestation de services doit demeurer un complément à l’activité syndicale. Se concentrer sur la prestation de services fournie aux membres ne doit pas occulter l’objectif réel des syndicats, à savoir l’amélioration des conditions de travail.