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Le séminaire de lancement EZA 2020

Le premier séminaire de lancement purement numérique s'est concentré sur les inégalités sur le marché du travail européen.

La devise du séminaire de lancement 2020 : "Les mécanismes d'inégalité et d'exclusion sur le marché du travail européen : quelles en sont les causes et comment les combattre ?

L'équipe d'organisation en Belgique. (Photo : EZA/Fleischmann)

Le président d'EZA, Luc Van den Brande, lors de la conférence numérique.

Justice de genre et inclusion des migrants, des LGBTQ+ et des personnes handicapées sur le marché du travail européen : tels sont les thèmes abordés par la centaine de participant.e.s au séminaire de lancement de l'EZA de cette année, organisé par le secrétariat de l'EZA en coopération avec EUROMF, la Plateforme internationale pour l'égalité des chances (IPEO) et avec le soutien de Beweging.Academie, Europees Forum et ACV BIE Internationaal.

En raison de la crise actuelle de COVID-19, le séminaire de lancement, intitulé « Mécanismes d'inégalité et d'exclusion sur le marché du travail européen : quelles en sont les causes et comment les combattre », s'est tenu pour la première fois en ligne. 

La conférence de deux jours s'est concentrée sur deux des politiques les plus actuelles de la Commission européenne – la stratégie pour l'égalité entre les hommes et les femmes 2020-2025 et la stratégie de l'UE pour l'égalité des personnes LGBTIQ (lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, non-binaires, intersexuelles et queer) publiée une semaine plus tôt.

« Je poursuivrai mes efforts, sans relâche, tant qu’il s’agira de construire une Union de l'égalité », a annoncé la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors de son entrée en fonction. C'est un bon point de départ pour le message d'Helena Dalli, Commissaire européenne à l'égalité, qui s'est adressée par vidéo aux participant.e.s : « Vivre en tant que femme en Europe n'est pas mal. Mais pas mal n'est pas suffisant », a déclaré M. Dalli.

Lesia Radelicki, membre du cabinet de la Commissaire Dalli, a expliqué que l'ensemble de la Commission européenne devrait être sensible à l’égalité hommes-femmes. À cette fin, une task force a été mise en place, à laquelle participent, entre autres, les responsables de l'égalité des chances des directions générales. Des réponses sensibles au genre sont également recherchées pour la gestion de la crise Covid-19. « Les différents Commissaires sont appelés à travailler en étroite collaboration sur ce point. L'objectif est d’assurer que tous les membres de la société jouissent de l’égalité des droits. Personne ne devrait être discriminé », a déclaré Mme Radelecki.

L’exclusion doit devenir inclusion

Dans son discours de bienvenue, le Président de l'EZA, Luc Van den Brande, a appelé à des efforts accrus pour inclure les personnes défavorisées sur le marché du travail européen. « Beaucoup de progrès ont été réalisés dans toute l'Europe – mais au fil de la crise de Covid-19, de nombreuses réalisations, notamment en matière d'égalité entre hommes et femmes, risquent de s’atrophier », a exprimé avec inquiétude M. Van den Brande. Les jeunes et les migrants sont également particulièrement touchés par la pandémie.

Le dialogue social en Europe

Jörg Tagger, chef de l'unité « Dialogue social » de la Direction générale de l'emploi, des affaires sociales et de l'inclusion de la Commission européenne, a présenté les évolutions du dialogue social européen et des politiques du marché du travail de l'UE ainsi que le plan de relance de l'UE « Next Generation EU » en réponse à la pandémie Covid-19. « À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles », a déclaré M. Tagger. C’est ce que reflète le niveau de financement prévu dans le plan de relance de l'Europe et dans le cadre financier pluriannuel qui prévoit, entre autres, un financement plus important pour l’EZA. Tous les partenaires sociaux doivent être à bord pour surmonter ensemble les effets de la crise.

L’égalité entre les hommes et les femmes

L'échange avec les représentants de l'UE a été suivi d'une expertise scientifique, des études de cas concrets : une semaine de travail ramenée à 30 heures avec paiement intégral du salaire. Jeroen Lievens a présenté une étude de cas sur la réduction du temps de travail – un projet du réseau des femmes de beweging.net, Femma. 58 salariées ont pu réduire leur temps de travail à 30 heures hebdomadaires pendant un an avec paiement intégral de leur salaire, afin de mieux équilibrer le travail rémunéré et non-rémunéré et de valoriser le travail au sein de la famille. La conclusion a été l’amélioration de la qualité de vie et une plus grande satisfaction, tant sur le plan privé que professionnel.

Marieke van den Brink, professeure en égalité hommes-femmes et diversité de l’Université Radboud de Nimègue, a expliqué comment les processus organisationnels dans les entreprises et les pouvoirs publics maintiennent, voire accroissent, les inégalités. Selon elle, l'inégalité entre les sexes sur le lieu de travail varie considérablement d'un secteur à l'autre. Les femmes sont encore peu nombreuses à occuper des postes de direction et, dans le même temps, elles sont plus nombreuses que les hommes à occuper des emplois précaires, à travailler à temps partiel et à prendre un congé parental. Elle a présenté différentes théories pour parvenir à une plus grande égalité sur le lieu de travail et a souligné l'importance des structures organisationnelles et d'un leadership inclusif. Il faut laisser la diversité exister pour en cueillir les fruits.

LGBTQ+

Ellen Delvaux, IDEWE, Service externe pour la prévention et la protection au travail en Flandre, a donné un aperçu du cadre juridique dans l'UE. Les directives existantes sur la santé, la sécurité et sur l'égalité des droits au travail incluent également les personnes LGBTQ+, mais elles sont toujours victimes de discrimination. Elle a souligné que ce groupe est à risque en termes de stress psychologique au travail et a mis en évidence les difficultés dont il souffre dans l’accès à la vie professionnelle, aux possibilités de carrière et de revenus.

Ellis Aukema, de l'organisation flamande faîtière des organisations LGBTQ+, a cité l'éducation et la sensibilisation comme étant la clé d'une plus grande acceptation dans la société et, dans cette optique, a présenté le projet PREVENT.

Les migrant.e.s

Patrizia Zanoni, professeure d'études organisationnelles à l'Université d'Utrecht, a donné un aperçu de la situation des migrant.e.s sur le marché du travail dans l'UE. Parmi ces travailleurs et travailleuses, beaucoup ont des emplois précaires, à temps partiel et ils sont nombreux à ne pas être représentés. Le risque de pauvreté est particulièrement élevé chez les migrant.e.s originaires de pays tiers. P. Zanoni a souligné que ces travailleurs ne constituent pas un groupe homogène, mais plutôt une « superdiversité ». Elle a également adressé des demandes aux organisations de travailleurs qui, historiquement, n'ont pas toujours été des pionnières de l'inclusion. Pendant longtemps, l'accent a été mis sur « le travailleur idéal ». Pour ces organisations, la mobilisation des migrant.e.s est aujourd'hui un enjeu majeur. Si les organisations de travailleurs veulent continuer à avoir une signification politique, elles doivent se diversifier. Une répartition équilibrée des travailleurs est nécessaire.

Les personnes en situation de handicap (pertinente pour le travail)

Eline Jammaers, professeure à l'Université catholique de Louvain, a rappelé aux participant.e.s qu'une personne sur six dans le monde souffre d'un handicap. Le monde du travail n'est souvent pas adapté aux handicaps, de sorte que très peu de personnes handicapées trouvent un emploi. Les quotas d'emplois pour travailleurs handicapés peuvent être utiles, comme c'est le cas dans certains pays d'Europe centrale.

Les revendications

Heidi Rabensteiner, coordinatrice de la Plateforme internationale pour l'égalité des chances (IPEO), a demandé à la fin du séminaire de lancement que le temps passé à s'occuper des enfants et à prodiguer des soins infirmiers soit crédité dans le calcul des pensions et que les possibilités de carrière des femmes aux postes de direction soient améliorées. Des horaires de travail flexibles pour les femmes et les hommes pour un meilleur partage des responsabilités familiales ainsi que l'égalité des chances de carrière et de rémunération sont absolument nécessaires. Le travail non-rémunéré doit également être réparti plus équitablement entre les hommes et les femmes.