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Santé et sécurité sur le lieu de travail : lieux de travail plus sains, plus sûrs et plus productifs en Europe

Le séminaire intitulé « Santé et sécurité sur le lieu de travail : lieux de travail plus sains, plus sûrs et plus productifs en Europe » s’est tenu à Bilbao en Espagne, les 19, 20 et 21 février 2021, organisé par CEAT (Centro Español para Asuntos de los Trabajadores), avec le soutien et l’aide financière d’EZA et de l’Union européenne.

Quarante-sept représentants d’organisations de travailleurs y ont participé, dont vingt et un par vidéoconférence.

SÉANCE D’OUVERTURE DU SÉMINAIRE

Les personnes suivantes ont pris la parole lors de l’ouverture du séminaire : M. JAVIER MORILLAS, au nom du comité exécutif du C.E.A.T.., M. DAVID CERVERA OLIVARES, président du C.E.A.T. qui n’est pas arrivé à l’ouverture, dû à de problèmes de vol et qui a envoyé une vidéoconférence.

MARTA URRUTIA, directrice des promotions d’entreprise de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA), a ensuite évoqué les objectifs de l’Agence visant à promouvoir la culture de la prévention des risques et à améliorer les conditions de travail. Parmi les principales activités de l’entreprise, elle a mis en évidence les campagnes sur les emplois sains menées depuis 2000 sur tous les lieux de travail à travers l’Europe.

D’autre part, la campagne de 2020 à 2022 met l’accent sur la prévention des troubles musculo-squelettiques liés au travail (TMS) qui continuent d’être l’une des affections liées au travail les plus répandues en Europe, et qui sont dus : à un mode de vie sédentaire, des mouvements répétitifs des mains et des bras et au déplacement, ou au levage de personnes ou de charges lourdes. Les autres objectifs stratégiques de l’Agence sont les suivants : sensibilisation aux TMS, promotion de l’évaluation et de la gestion des risques des TMS, amélioration de la connaissance des risques nouveaux et émergents dans le domaine des TMS, et pour finir, en insistant sur la stimulation de l’échange d’informations et de bonnes pratiques entre toutes les parties concernées.

CARLOS JOSÉ ITURGAIZ ANGULO, qui a évoqué l’impact de la destruction d’emplois dans la situation de fragilité institutionnelle désastreuse pour l’emploi, en raison de la pandémie, a conclu la cérémonie d’ouverture. « L’objectif de notre travail était de sensibiliser les institutions européennes à retrouver le dynamisme des entreprises, à mettre fin au chômage et à offrir aux travailleurs la possibilité de se recycler pour s’adapter à de nouveaux emplois. Nous soutenons le C.E.A.T., et je vous souhaite beaucoup de succès lors de ce séminaire en faveur de la sécurité et de la santé des travailleurs ».

PRÉSENTATION DU CADRE

PREMIÈRE PRÉSENTATION : « Les activités d’EZA sur le sujet de la santé et de la sécurité au travail. Dernières tendances et perspectives pour l’avenir ».

Le modérateur était M. DAVID CERVERA, président du C.E.A.T. qui a introduit M. ANTONIO BANDAO GUEDES du CFTL/BASE-FUT (PORTUGAL). Sa présentation s’est déroulée par vidéoconférence.

Il a exposé sa présentation en passant en revue les séminaires organisés par les organisations et les groupes de travail d’EZA sur la sécurité et la santé au travail au cours de la période de 2005 à 2019. Sa présentation se divisait en deux parties :

Dans la première partie, il a rappelé les étapes et les sujets abordés par les organisations d’EZA lors de leurs séminaires de 2005 à 2019. Parmi les questions développées par les différents séminaires et qui affectent la sécurité et la santé au travail, il a souligné ce qui suit : les accidents du travail, la santé et l’hygiène au travail, les risques physiques, les stratégies de prévention, les mauvaises conditions de travail, le stress et le harcèlement au travail, l’intégration des perspectives de genre et les risques psychosociaux.

En conclusion, toutes ces questions ont été intégrées à la négociation collective, certaines étant considérées comme risques professionnels, d’autres comme droits fondamentaux et d’autres encore comme mesures de sécurité et de santé au travail sous la pression des dirigeants syndicaux.

Dans la deuxième partie, il a discuté des perspectives pour la période post-pandémique de Covid-19. Il a déclaré que la sécurité et la santé au travail devaient être considérées comme droit fondamental du travailleur, de la travailleuse. Pour l’avenir, en matière de prévention des risques professionnels, il convient de prendre en compte les différents niveaux de sécurité au travail et l’application des normes établies et négociées dans les accords pour les petites et moyennes entreprises, les maladies professionnelles dans l’agriculture, la numérisation et le télétravail qui génèrent des problèmes de stress et des troubles musculo-squelettiques, ainsi que les actions biologiques et les effets du Covid-19 sur les professionnels de la santé, en particulier concernant la protection vestimentaire.

AUTRES PRÉSENTATIONS :

Le sujet de D JUANTXO MARTIN, associé fondateur de (Gogoa Mobility Robots) était le suivant : « Les exosquelettes professionnels dans la prévention des risques professionnels ».

Il a commencé sa présentation en définissant ce que l’on entend par exosquelettes professionnels qui sont des dispositifs de soutien capables de réduire le stress physique sur le lieu de travail. Ceux-ci offrent des solutions pour faciliter le travail et éviter les accidents. La société DOGOA compte un effectif de vingt-cinq personnes, tous sont des ingénieurs, des médecins et des techniciens qui développent des appareils robotiques pour améliorer le travail et qui mettent au point du matériel clinique, des moteurs actifs, des matériaux textiles renforçant les muscles et l’équipement militaire.

Il a également fourni des données sur l’entreprise, en tant qu’entreprise innovante parmi les entreprises espagnoles dédiées au secteur de la santé et n ° 1 dans les programmes technologiques et de compétitivité.

Il a présenté les prévisions de marché de l’entreprise dans différents domaines : dans l’industrie, la médecine et l’équipement militaire. En réalité, les exosquelettes peuvent accélérer et réduire les coûts de rééducation, amoindrir les efforts et la fatigue et prévenir les congés de maladie.

Les modèles exosquelettes visent à résoudre les problèmes des membres inférieurs, ceux du genou à travers le robot et ceux des bras et des muscles à travers les produits industriels. Il a clairement indiqué qu’il n’y avait pas de robot universel, qu’il ne s’agissait pas d’un EPI et qu’il n’y avait pas de machines pour guérir les maladies, que ces modèles résultaient de conceptions ergonomiques offrant une solution lorsque d’autres mesures techniques n’étaient pas suffisantes.

Il a conclu en disant que ces modèles n’avaient pas de cadre réglementaire et que l’équipement médical était un dispositif qui permettait et aidait à améliorer l’activité physique grâce à l’interaction mécanique avec le corps, de façon à ce que les travailleurs connaissent le langage des machines pour les maîtriser et à ne pas laisser les machines dominer les travailleurs.

On lui a posé toutes sortes de questions sur le fonctionnement des modèles exosquelettes et sur la différenciation entre les prototypes robotiques et physiques. Après avoir répondu aux questions, il a proposé aux personnes présentes la possibilité de visiter l’entreprise pour en apprendre davantage sur les prototypes ergonomiques.

Le sujet de D. MARTINIANO BLÁZQUEZ, professeur de droit à l’UNED était e suivant : « La promotion d’une culture de prévention efficace comme moyen de réduire les accidents du travail et d’améliorer la compétitivité de l’entreprise ».

Il a commencé sa présentation en définissant ce que signifiait le terme de culture préventive sur le lieu de travail. C’est un terme largement utilisé par les directeurs de prévention des entreprises qui implique un engagement en faveur de la sécurité, de la promotion de la santé et du bien-être des travailleurs.

Promouvoir la culture préventive, c’est former à la sensibilisation, à l’adoption de nouveaux comportements et d’une attitude responsable, ainsi qu’au respect de la protection des vies pour les nouvelles générations de travailleurs. La culture de la prévention implique une attitude collective qui ne peut se construire qu’à travers un long processus social.

Il a déclaré que la culture préventive, proactive et générative apportait aux entreprises jusqu’à 15 % de rentabilité, de sorte que son application est estimée à un bénéfice de 550 € par travailleur.

Il a parlé du leadership préventif. Le leadership doit intégrer la prévention au système de gestion, par exemple : à travers la responsabilité des ressources humaines, la prévention et les services de prévention. Les responsables de la prévention seront chargés de la formation, du maintien et du contrôle de la culture préventive au sein de leurs organisations.

Il a également expliqué comment choisir la personne idéale pour diriger la culture préventive. Il a terminé par une citation proclamant : « Si vous voulez aller vite, marcher seul et si vous voulez aller loin, marcher en équipe. »

Le sujet de M. JOSÉ IGNACIO ARGOTE, secrétaire du C.E.A.T. était le suivant : « L’enquête ESENER 2019 : la troisième enquête européenne sur les risques nouveaux et émergents »

Il a souligné que les facteurs de risque les plus préoccupants en milieu de travail dépendaient du niveau de participation des travailleurs aux mesures adoptées et des raisons pour lesquelles les lieux de travail contrôlaient ou non la sécurité ou la santé. Il a également évoqué certains indicateurs de l’enquête européenne, tels que :

- Le vieillissement de la société européenne dans le monde du travail, les travailleur-se-s vieillissant-e-s- occupant des postes qui créent des difficultés chaque année.

- Le travail à domicile exécuté sans réglementation, sans contrôle et sans sécurité au travail et sans mesures sanitaires.

- Les risques numériques

- La langue, conséquence de la migration.

Par conséquent, l’enquête fournit les raisons d’évaluer la sécurité et à la santé au travail et les mesures à prendre par les comités d’entreprise, ainsi que les mesures administratives plus efficaces et efficientes des inspections du travail.

Le sujet de M. JOSÉ LUIS FERNÁNDEZ SANTILLANA, directeur du bureau d’études de l’USO était le suivant : « Le Comité de la santé et de la sécurité dans les actions préventives de l’entreprise »

Dans un premier discours, il a parlé de la façon dont la législation espagnole relative à la sécurité et aux risques sur le lieu de travail était restreinte et visait à récompenser et à favoriser les organisations syndicales qui leur avaient apporté des avantages et qui étaient considérées comme plus représentatives par le gouvernement et les dirigeants d’entreprise. Puis, il a continué sur les plans de risque professionnel que chaque entreprise devait envisager concernant l’identification, la structure, l’organisation et la procédure. Il a également parlé du Comité de la santé et de la sécurité, en tant qu’organe conjoint composé des délégués à la prévention et de sa composition qui doit être trimestrielle. Il a également évoqué les actions des administrations publiques, en particulier celles de l’Inspection du travail qui doivent aborder toutes les mesures préventives mises en place sur la sécurité et la santé dans les entreprises lors des visites de celles-ci. Enfin, il a parlé de l’exécution d’actions préventives qui devraient être considérées en tant que droit de participation des travailleurs par l’intermédiaire de représentants syndicaux.

TABLE RONDE : Comment générer la culture de la prévention des risques professionnels ?

Les intervenants suivants ont pris la parole : Mme Silviu Traian Ispas de l’IFES (Roumanie), Mme Lubinca Cerná de NKOS (République slovaque), Mme Aneta Szczykutowicz de Fundacja Nowy Staw (Pologne), Mme María Reina Martín vice-présidente d’EZA (Portugal), M. Tomás Pérez Valdivielso du LSB-USO (Espagne) (tous par vidéoconférence), et M. Benito Cadenas Noreña de l’Université Rey Juan Carlos (Espagne)

Tous ont parlé de l’ensemble des attitudes et formulations positives qui ont été partagées dans leurs pays respectifs, avec les entreprises et les administrations afin d’éviter les risques pour la santé, les accidents ou les maladies, et ont déclaré que la culture de la prévention impliquait une attitude collective qui ne pouvait se construire qu’à travers un long processus social et l’implication des entreprises, des familles, des organisations syndicales, des organisations de formation et des institutions politiques.

Mme Aneta Szczykutowicz a commenté les données du rapport de l’Institut de psychologie de l’Université de Varsovie sur les symptôme de dépression et d’anxiété chez les Polonais durant la pandémie de Covid-19, au cours des mois de mai à décembre 2020, sur la base d’un échantillon total de plus de 3 500 personnes. Le fait pertinent est que lors du confinement au printemps (début mai 2020), les plus hauts niveaux de symptômes de dépression et d’anxiété généralisée se sont manifestés chez les jeunes âgés de dix-huit à vingt-quatre ans, tandis qu’en décembre, ces symptômes se sont manifestés chez les personnes âgées de trente-cinq à quarante-quatre ans. Des niveaux élevés de symptômes de dépression et d’anxiété généralisée se sont également manifestés chez ceux et celles qui étaient en quarantaine et/ou isolé-e-s à la maison, ceux et celles qui avaient perdu leur continuité salariale, ceux et celles qui considéraient que leur situation économique s’était dégradée et ceux et celles qui soupçonnaient avoir souffert de l’infection de covid-19, mais qui n’avaient pas été testé-e-s.

M. Silviu Traian Ispas a signalé certaines données et idées de la Roumanie sur la façon de générer la culture préventive des risques professionnels. Associées à la pandémie de COVID-19, au « Coronavirus ».

Je souligne que malgré la pandémie, de nombreuses entreprises ont dû maintenir leur activité, en prenant des mesures préventives (plus ou moins efficaces). Le vrai problème, ce sont les transports en commun pour se rendre au lieu de travail et en revenir. En outre, on ne trouve pas de rapports de l’inspection du travail sur les maladies professionnelles dans le domaine de l’informatique et/ou du télétravail, l’impression générale est que le télétravail reporte la responsabilité en matière de santé et de sécurité sur le lieu de travail « interne» aux entreprises sur les employé-e-s devant travailler à domicile. D’autre part, l’infection par le coronavirus n’est pas considérée comme maladie professionnelle,  même pas par les médecins. Il a finement exposé certaines idées sur la prévention en Roumanie, par exemple, qu’il fallait commencer à considérer la santé et la sécurité comme compétence croisée à l’école.

Dª Ľubica Černá a signalé qu’en mars, la pandémie de coronavirus avait paralysé la vie économique de la Slovaquie en l’espace d’une nuit et que les entreprises avaient dû faire face à cette nouvelle situation. Elles ont accru la protection de la sécurité et de la santé de leurs salariés, annulé les entretiens et les réunions en personne et se sont mises en ligne. Le bureau à domicile est devenu la nouvelle normalité pour ceux et celles ayant un travail pouvant être exercé à l’extérieur de l’entreprise et face à cette situation, l’inspection du travail devrait effectuer des inspections régulières ou planifiées sur les lieux de travail des télétravailleurs. Elle a également noté que le rôle des syndicats dans la santé et la sécurité au travail était très important et que la représentation syndicale conduisait à un meilleur respect de la réglementation, à une diminution des accidents et à une réduction des problèmes de santé liés au travail.

CLÔTURE

La cérémonie de clôture s’est terminée par l’intervention par vidéoconférence de M. JESÚS CASADO GONZALO, président honoraire du C.E.A.T. qui n’a pas pu assister au séminaire. Il a félicité le C.E.A.T. pour son travail accompli dans le cadre de ce séminaire qui a marqué une nouvelle voie de protection des travailleurs, grâce à l’application de dispositifs de soutien permettant de réduire le stress physique sur le lieu de travail.

M. JAVIER MORILLAS a fait la synthèse du séminaire dans son résumé et présenté quelques conclusions qui seront recueillies sous forme de recommandations, et le président du C.E.A.T., D. DAVID CERVERA, a remercié les intervenant-e-s pour toutes leurs participations, leurs interventions et leurs recommandations qui seront recueillies par le C.E.A.T.