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L'Etat de droit et une démocratie qui fonctionne comme condition préable au bien-être social : le rôle des organisations de travailleurs

Du 21 au 23 septembre 2023 s’est tenu à Barcelone, en Espagne, un séminaire sur le thème « L'Etat de droit et une démocratie qui fonctionne comme condition préable au bien-être social : le rôle des organisations de travailleurs », organisé par l’ECWM - EBCA - MTCE (Mouvement des travailleurs chrétiens d’Europe) en collaboration avec EZA et financé par l’Union européenne.

Le séminaire s’est déroulé comme prévu et a réuni 36 participant(e)s venu(e)s de 7 pays européens différents (6 pays membres de l’UE : Autriche, Allemagne, Italie, Espagne, France, Portugal ; autre pays en qualité d’invité : Suisse). 

Le séminaire s’est axé principalement sur l’organisation de l’État de droit, les enjeux politiques en matière de démocratie dans les différents pays et leurs répercussions au niveau du bien-être social. Ce colloque a été l’occasion pour les participant(e)s d’échanger sur leur expertise en tant que membres actifs d’organisations de travailleurs, que ce soit à titre bénévole ou à titre professionnel, en ayant recours à des problématiques concrètes. D’autre part, Mme Gwendoline Delbos Corfielf (députée européenne), M. Toni Mora, président du Conseil économique et social de Catalogne (CTESC), et M. Karl Brunner, coprésident du MTCE, sont tous trois intervenus sur le thème concerné dans une perspective spécifique. 

Le premier échange en groupe a été consacré à l’analyse de la situation dans les différents pays, en mettant l’accent sur les initiatives particulièrement prometteuses qu’il serait intéressant de soutenir. Le deuxième travail de groupe s’est concentré sur l’organisation concrète de la démocratie et de l’État de droit et s’est interrogé sur les stratégies permettant de soutenir des évolutions positives et de relever les défis, tout en gardant à l’esprit la contribution de chacun. Le troisième échange en groupe a permis de présenter les initiatives des différentes organisations qui ont été synonymes de succès, d’envisager d’autres activités qui pourraient être concrètement soutenues ou reprises, et de se demander à quels groupes particulièrement vulnérables il conviendrait d’accorder une attention particulière. Les conclusions des groupes de travail ont été réunies et intégrées dans la déclaration finale, tout comme les suggestions émises par les intervenant(e)s et qui sont ressorties des discussions qui ont suivi. 

Mme Delbos Corfielf a notamment apporté son expertise sur la problématique de l’État de droit en Hongrie mais aussi dans d’autres pays, a présenté les instruments de l’UE pour garantir l’État de droit dans les États membres et a indiqué les points de départ possibles pour une optimisation. M. Karl Brunner a axé son intervention sur une réflexion concernant les valeurs fondatrices de la démocratie :  comment penser la coexistence de l’individu et de la société et quelles sont les lignes directrices édictées par la doctrine sociale chrétienne avec ses éléments constitutifs ? Il a, de plus, présenté une éthique de la vertu politique à titre d’exemple. M. Toni Mora a, quant à lui, parlé du rôle particulier des syndicats dans la construction d’une société juste, en soulignant, de son point de vue, la nécessité de développer leurs méthodes de travail. 

L’examen approfondi de trois initiatives concrètes a permis de mettre un accent particulier sur le thème du séminaire et d’ancrer positivement la réflexion par des idées concrètes. L’observation d’initiatives visant à renforcer les droits des migrantes, des sans-abris et des femmes contraintes à la prostitution a notamment mis en évidence le fait que l’engagement de la société civile contribue de manière significative à rendre l’État de droit concret et efficace, même pour des groupes de population prétendument marginalisés.  Par ailleurs, cela a permis de mettre en lumière le fait que même les petites initiatives contribuent largement à la démocratie d’un pays. 

Le choix du thème du séminaire s’est avéré particulièrement judicieux car on constate dans presque tous les pays d’origine des tendances à la remise en question des processus et des institutions démocratiques. La force croissante des groupuscules d’extrême droite, qui parviennent certes à s’imposer davantage grâce aux instruments démocratiques, mais qui remettent en même temps de plus en plus en question ces processus, rend nécessaire une réaction unie de la société civile au sens large. Les organisations de travailleurs peuvent justement apporter une contribution concrète à cet égard. On peut supposer que les échanges fructueux qui ont eu lieu dans le cadre du séminaire devraient déboucher sur plusieurs initiatives de ce type dans différents pays.