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La politique familiale comme instrument clé du développement social

Organisé par l'AFB (Association pour les travailleurs, les loisirs et la formation), en collaboration avec la centrale européenne pour les travailleurs (EZA) et avec le financement de l’Union Européenne, le congrès international de la plateforme IPEO intitulé « La politique familiale comme instrument clé du développement social » s’est tenu à l’Académie Cusanus de Bressanone/Brixen les 14 et 15 septembre. Plus de 45 participants du Haut-Adige (Italie), d’Allemagne, d’Autriche, de Lituanie, de Serbie et de Belgique se sont ainsi retrouvés pour débattre de questions liées à la politique familiale en rapport à l’égalité hommes-femmes.

Des experts venus de différents pays ont mis en avant le fait que la famille représente une communauté privée basée sur l’entraide et le secours mutuel, ainsi qu’un atelier de promotion et d’apprentissage social. Ils ont ainsi insisté sur tout ce que les familles apportent à la société en transmettant les valeurs de la communauté, et en encourageant et en accompagnant le processus de développement humain et de socialisation. La politique a pour mission de créer les meilleures conditions possibles pour que les familles puissent jouer ce rôle. Or, le constat est unanime : la politique, bien que sensible à ce thème, doit mettre en œuvre des mesures plus ciblées en collaboration avec les entreprises afin de favoriser l’épanouissement des familles et leur stabilité économique.

Les principaux champs d’intervention doivent être le renforcement du droit des enfants à être élevés, protégés et encouragés dans leur développement. Cela passe par des services de garde flexibles, une offre formative variée et de qualité, de meilleures possibilités de débouchés et l’assurance de moyens de subsistance pour les mères, ainsi que la lutte contre la pauvreté familiale, des horaires de travail flexibles et des entreprises favorables aux familles, le partage des responsabilités familiales et parentales, mais aussi des solutions innovantes pour garantir un nombre suffisant de personnel qualifié dans les services aux personnes.

Les politiques familiales des différents pays de l’UE dépendent du modèle de providence sociale en vigueur. Cela se reflète bien entendu dans l’entité et la nature des aides sociales accordées, sachant qu’elles dépendent aussi beaucoup des capacités budgétaires et de la solidité des comptes publics. La politique sociale vise principalement à compenser les inégalités économiques afin de favoriser l’épanouissement des familles. La politique familiale est déterminée par de nombreux facteurs, dont le droit des familles à accéder aux structures d’accueil et d’éducation, les systèmes de transport et la fiscalité.

Le système économique est incapable en lui-même d’assurer la protection de l’enfance. La prise en charge et l’éducation au sein de la famille ne sont pas des prestations commercialisables et ne participent pas à la génération d’une valeur ajoutée sur le plan économique. C’est pour cette raison que l’intervention et les aides de l’État sont nécessaires. Au fil des années, la politique familiale s’est établie comme un domaine politique indépendant avec des champs d'intervention transversaux, même si l’on observe au sein de l’UE des orientations et des agendas politiques différents. En schématisant, on peut dire que les États-providence sociaux-démocrates misent avant tout sur les services publics, les modèles libéraux sur des interventions conformes au marché et des aides fiscales, tandis que les conservateurs privilégient la répartition traditionnelle des rôles dans la famille pour la gestion du ménage et la production de revenu, en promouvant leur conservation à travers des mesures fiscales et des règles socio-politiques différenciées. 

La société traverse en général une époque de changements, aussi bien au niveau de la famille, du monde du travail que des défis environnementaux. Les modèles traditionnels d'une part sont remis en question, et de l’autre, les entreprises, les communautés et les individus sont à la recherche de certitudes. Dans ce contexte, la famille est souvent idéalisée comme un rempart contre les crises et comme une oasis de paix et de résilience. De fait, sous l'influence de facteurs sociaux et économiques, la famille vit une mutation constante, caractérisée par une dynamique intergénérationnelle. La structure de la famille, en tant que communauté sociale, change, de même que ses aspirations et son rôle au sein de la société.

Compte tenu des multiples risques contingents, la priorité doit être donnée à une allocation de base pour les enfants, indépendamment du revenu des parents, ainsi qu’à la lutte contre la pauvreté familiale. Pour obtenir des progrès quantifiables dans l’égalité hommes/femmes, il est nécessaire de mettre en place des règles et des aides permettant de promouvoir l’activité professionnelle des mères et d’élargir les congés parentaux aux pères pour une utilisation paritaire du congé parental. Au sein du couple, les pères doivent prendre en charge davantage de tâches domestiques et parentales et assumer plus de responsabilités liées à l’organisation de la famille, afin d’aider les mères à diminuer leur charge mentale. Les lois qui régissent le marché du travail, la vie en société et la fiscalité doivent être revues pour lever les obstacles à l’égalité hommes/femmes. En particulier, il convient de considérer d’un œil critique les règles qui freinent l’activité professionnelle et l’indépendance économique des mères, telles que le « Familiensplitting » en Allemagne, une forme de quotient familial qui consiste à augmenter l’abattement pour enfant à charge. Avec ses objectifs et ses indicateurs, la stratégie allemande en matière de politique familiale durable basée sur l’Agenda 2030 peut servir de guide ou de banc d’essai pour les organisations de travailleurs qui œuvrent pour développer les mesures visant à aider les familles et à établir l’égalité entre les mères et les pères.