Du 19 au 22 mai 2022, un séminaire portant sur « Les jeunes travailleurs, acteurs du changement en Europe », organisé par la JOC Europe (Jeunesse Ouvrière Chrétienne - Europe), en coopération avec EZA et financé par l’Union européenne, s’est déroulé à Haltern am See en Allemagne. Vingt-quatre jeunes représentants d’organisations de travailleurs originaires de Belgique, d’Allemagne et d’Espagne ont participé au séminaire.
Le séminaire était axé sur la manière d’agir des jeunes travailleurs en faveur du changement au sein de leurs organisations et dans leur environnement et sur l’apprentissage mutuel de ces stratégies. Les différentes situations exigent des méthodes et des stratégies différentes, mais le fait d’apprendre à connaître les champs d'action et les stratégies des autres donne des impulsions fructueuses visant à rendre les actions des jeunes travailleurs plus efficaces et orientées vers des solutions.
Le séminaire était important à l'heure actuelle car beaucoup de choses dans les environnements et les contextes des jeunes travailleurs en Europe ont changé de manière significative au cours des dernières années. On vit une peur croissante de l'avenir dans un monde plein d'incertitudes : causée non seulement par les évolutions les plus récentes telles que la guerre en Ukraine et la Covid-19, mais aussi à un niveau plus général par l'avenir de la vie humaine sur notre planète. Cette situation fait que les jeunes se sentent impuissants et sans perspective. Dans cette situation actuelle, il est fondamentalement important d'en savoir plus sur les manières d'agir, de faire face à ces incertitudes et de renforcer l'organisation des jeunes travailleurs afin de les responsabiliser en tant qu'acteurs du changement.
Les domaines thématiques suivants ont été discutés :
Les discussions sont parties des réalités de la vie des participants identifies dans leurs pays et tournaient autour des effets de la crise actuelle qui affecte les vies des jeunes travailleurs :
- La guerre en Ukraine et ses effets directs et indirects sur la vie et le travail des jeunes.
- Les changements laissés par la pandémie dans nos sociétés.
- Le système capitaliste qui constitue le moteur de nos économies et de nos sociétés.
Résultats du séminaire
Les participants ont identifié plusieurs problèmes communs vus dans les différents pays :
- Les crises actuelles ont des gagnants et des perdants. Les gagnants sont ceux qui fixent les le prix des biens rares tels que les vaccins ou le gaz et qui profitent des vulnérabilités. La richesse augmente là où elle se trouve déjà et la pauvreté s’aggrave pour ceux qui sont déjà pauvres en raison des pertes d’emploi, de la hausse des prix de l’énergie, etc.
- Cela a des effets directs et indirects sur la vie individuelle des (jeunes) travailleurs : Les pertes d’emploi, l’exploitation et la précarisation du travail, la hausse des dépenses et les incertitudes augmentent la pression exercée sur les individus. En même temps, le modèle de pensée que nous avons appris à travers le capitalisme nous dicte que nous sommes individuellement responsables de notre succès ou de notre pauvreté.
- On a pu également observer un transfert de responsabilité durant la pandémie. Prendre soin de sa santé et de celles des autres relevaient la plupart du temps de l’effort individuel : il fallait rester chez soi, réduire sa vie sociale, risquer sa santé mentale, survivre en dépit des pertes financières.
- On voit une crainte et une méfiance croissantes parmi les jeunes travailleurs. Ils craignent l’avenir en raison de toutes les incertitudes susmentionnées. Dans le même temps, les acteurs politiques n’agissent pas de manière transparente et cohérente, mais suscitent davantage de méfiance. Les groupes et les partis d’extrême-droite proposent des solutions apparemment faciles et directes, et gagnent grâce à la méfiance.
- Les médias renforcent également cette méfiance, ainsi que les autres développements observés. Les médias ne sont pas objectifs, mais suivent leur propre agenda politique.
- Ces dernières années ont montré à quel point l’inégalité était encore présente dans nos sociétés. Plus récemment, nous avons vu du racisme à l’encontre de certains réfugiés en raison de leur couleur de peau, alors que d’autres étaient chaleureusement accueillis parce qu’ils étaient blancs. Il existe également une grande inégalité entre les hommes et les femmes et une discrimination à l’encontre de la communauté LGBTIQ*.
Les participants ont également identifié certains effets positifs apparus durant la crise :
- La dimension internationale des crises récentes a suscité une plus grande prise de conscience des interdépendances et des systèmes internationaux dans lesquels nous vivons.
- De nombreux jeunes prennent conscience de l’importance de prendre soin d’eux-mêmes.
- L’arrivée récente de réfugiés ukrainiens a montré qu’il était possible de mobiliser de gros montants d’argent ainsi que d’autres ressources pour le bien.
- La forte pression dans le secteur de l’énergie pourrait conduire à un développement plus dynamique en matière d’alternatives.
- Les gens font preuve de beaucoup de solidarité.
Les participants ont décidé ce qui suit :
- D’approfondir les discussions sur les sujets spécifiques soulevées au cours du séminaire.
- De coordonner et de publier ensemble les demandes et les positions sur les sujets actuels.
- Des sessions de formation communes pour les différentes organisations.
- D’avoir un échange direct entre les groupes de base qui travaillent sur les mêmes sujets.
Au cours du séminaire, les délégations de chaque organisation ont consacré un peu de temps à la réflexion sur leurs conclusions et les apprentissages. Chaque organisation sera suivie par un responsable de l’équipe de préparation qui l’aidera à utiliser les résultats dans leurs propres contextes.