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L'état de l'état-providence dans l'UE en 1992 : un quart de siècle plus tard

La sixième conférence de HIVA-d’EZA sur « L'état de l'état-providence dans l'UE en 1992 : un quart de siècle plus tard », organisée par HIVA en coopération avec EZA et avec l’aide financière de l’Union européenne, s’est déroulée du 22 au 23 mars 2021.

Plus de cent cinquante personnes venus de trente pays ont participé à la conférence qui se voulait être un lieu de rencontre entre les organisations de travailleurs représentées par EZA, la communauté scientifique, les administrations de sécurité sociale et les décideurs politiques.

Principales conclusions des intervenants principaux :

Peter Wouters, président du Mouvement ouvrier chrétien en Flandre, Beweging.net, et président de HIVA confirme sa confiance dans le modèle de l’économie sociale de marché, le « modèle rhénan » en tant que conception solide du passé, mais à l’épreuve du temps. Si nous sommes prêts à payer pour cela. Cela doit être garanti pour l’avenir, voire en tant qu’État (providence) national au sein de l’économie de marché mondiale.

Le président actuel d’EZA, Luc Van den Brande, ancien Ministre-Président de Flandre, a souligné le rôle d’EZA en tant que « réseau intelligent » qui contribue non seulement à inspirer les institutions européennes, ancrées dans les traités et les lois, à mieux développer le modèle social européen dans un contexte mondial d’intégration européenne et au-delà. Son rôle est aussi celui du dialogue social entre les organisations de travailleurs, leurs ambitions et les institutions de l’UE elles-mêmes qui développent leurs plans en vue de progrès supplémentaires, au niveau européen, national, mais surtout au niveau du citoyen européen. Le rôle principal d’EZA consiste à combler le fossé entre les institutions et le citoyen, ici par le biais d’organisations de travailleurs. Dans ses commentaires de clôture, la secrétaire générale d’EZA, Sigrid Schraml, a illustré comment cela était resté possible dans le cadre de la crise de la pandémie de Covid-19.

L’ancien président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, était à nouveau prêt à donner son point de vue sur l’évolution de l’Europe au cours des cinq dernières années, et en particulier sur la manière dont l’Europe surmonte la plus grande crise sanitaire et économique de la pandémie de Covid-19. Il y a déjà cinq ans, lors de la cinquième conférence, il a donné son aperçu des cinq années précédentes, qui furent en même temps ses cinq années de présidence du Conseil européen de novembre 2009 à novembre 2014. Lors de la sixième conférence, il commente la relation entre le développement économique et l’État-providence, « après le coronavirus ». Il nous a rappelé que l’Europe avait tiré sa leçon, à savoir que nous avions besoin d’une réponse économique et budgétaire aux crises différente de la manière dont nous avons géré la crise financière et du crédit de 2008 à 2011. Ces leçons ont permis de surmonter la crise actuelle. Mais les instruments qui ont été mis en place aujourd’hui doivent devenir permanents. Et la crise sanitaire et économique actuelle crée de nouvelles inégalités qui nécessiteront une solidarité supplémentaire. Juste avant la conférence, également en Belgique, une nouvelle recrudescence de la pandémie (la troisième) s’est produite. Il a mis en garde contre le cercle vicieux des « infections-restrictions-infections réduites-règles moins strictes-nouvelles infections ». Il nous a en outre avertis qu’un autre virus était toujours présent, c’est le virus du populisme qui continue de se propager. Avant les élections européennes de 2019, il y avait en effet une crainte généralisée que cela ait pu influencer les élections. Après les élections, on a été soulagé que cela ne se soit pas concrétisé. Herman van Rompuy nous a avertis que le populisme est toujours à la recherche d’une popularité croissante. Enfin, comme lors de la conférence précédente, il invite à nouveau le public à garder à l’esprit que la conférence devrait davantage se focaliser non seulement sur l’état de l’État-providence, la réconciliation du développement économique, le progrès social, mais également sur les défis environnementaux et notre responsabilité également dans ce domaine.

Kees Korte, directeur général de la DG EMPL a confirmé que nous pouvions à juste titre avoir de « grandes espérances » pour l’avenir de l’Europe sociale. Ces cinq dernières années, les étapes importantes suivantes de l'«Europe sociale » ont été réalisées : a) l’acceptation du socle européen des droits sociaux et le flux de nouvelles initiatives sociales ; b) la « socialisation » croissante du semestre européen ; c) la dimension sociale croissante des instruments et des plans de relance, incluant non seulement le Fonds de l’UE pour la prochaine génération, la reprise et la résilience, mais également le Fonds social existant et d) finalement, parce que, dans le cadre du Brexit, les dimensions sociales ont été maintenues dans la transition et le nouvel accord. Il s’est même demandé si ces nouveaux progrès pour une Europe sociale auraient été aussi forts, au cas où le Royaume-Uni serait resté dans l’UE. « À quelque chose malheur est bon ? ».

Dans le discours de M. Korte, nous avons trouvé la confirmation à quel point la série de conférences de HIVA-d’EZA était opportune lorsque nous avons décidé dans les années quatre-vingt-dix de prendre l’initiative de surveiller l’État-providence. Il a mentionné que le sommet social de Göteborg en 2017, où le SEDS a été solennellement approuvé, était le premier sommet social depuis 1999. Notre préoccupation était juste. M. Korte a également recommandé HIVA et EZA: « ga zo door » [ne pas lâcher prise].

Les ambitions de la conférence quinquennale de HIVA-d’EZA sont de nous mettre en garde contre les défis potentiels de l’Europe sociale et d’attirer notre attention sur de nouvelles opportunités afin de poursuivre son développement. Encore et encore. À force de répétition, nous finirons par apprendre, espérons-le.

Nous pouvons également conclure que l’État-providence résiste aux crises : cela a été encore davantage confirmé par la crise actuelle du Covid-19. Nous avons également déjà tiré heureusement la leçon des politiques d’austérité après la crise de la dette de 2011 à 2012.

Nous pouvons également conclure que les économies riches dépensent plus pour la protection sociale, mais avec la crise du Covid-19, nous avons réalisé que nous avions même encore sous-développé certains de ces systèmes (soins de santé, soins de longue durée).

Et nous pouvons conclure qu’il y a eu un ralentissement de la convergence économique, mais surtout de la convergence sociale : mais c’est à notre entière discrétion.