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La concrétisation du socle européen des droits sociaux : les arguments en faveur de l’encadrement du salaire minimum au niveau de l’UE et son impact sur la région des Balkans occidentaux

Le 14 octobre 2020, la Fédération nationale des conseils des travailleurs (MOSZ) et EZA ont organisé un séminaire en ligne à Budapest. Le titre du séminaire était « La concrétisation du socle européen des droits sociaux : les arguments en faveur de l’encadrement du salaire minimum au niveau de l’UE et son impact sur la région des Balkans occidentaux ». Le séminaire était organisé dans le cadre du projet spécial d’EZA pour les organisations de travailleurs dans les Balkans occidentaux, avec l’aide financière d’EZA et de l’Union européenne.

Des collègues venus de Pologne, de Hongrie, d’Allemagne, d’Italie, de Belgique, de la République tchèque, de Bulgarie, de la Macédoine du Nord et de Roumanie ont assisté au séminaire.

Le discours d’ouverture a été prononcé par Imre Palkovics, président de MOSZ dans l’espace en ligne. Imre Palkovics a déclaré que la question du salaire minimum était particulièrement importante aujourd’hui durant la pandémie de coronavirus. Que la pauvreté des travailleurs existait toujours dans plusieurs pays, ce qui était inacceptable, et que la lutte contre cette pauvreté était la tâche la plus importante pour les syndicats.

Il a remercié EZA d’avoir rendu possible la conférence en ligne et  remercié les interprètes de leur disponibilité durant la période pandémique.

Tünde Molnár-Vojkó, analyste économique chez MOSZ, a parlé des chances d’introduction du niveau de salaire minimum dans l’Union européenne. Elle a analysé les aspirations et les efforts fournis en ce sens, ainsi que les tentatives de MOSZ pour rattraper les salaires en Europe orientale.

Dans sa présentation, elle a déclaré que les chiffres étaient très différents au sein de l’Union européenne : alors que le salaire minimum moyen était d’environ 1 400 euros en France et en Allemagne, dans certains pays d’Europe orientale, il dépassait celui-ci d’un peu plus de 10 %. Par exemple, le taux d’imposition diffère également en termes de salaire minimum : dans le cas de la Macédoine du Nord, de la Hongrie et de la Roumanie, le salaire minimum est imposé au-dessus de 30 %. D’ici 2024, l’UE souhaite une certaine forme de normalisation du salaire minimum dans tous les pays européens. Il est prévu que le salaire minimum ne soit pas inférieur à soixante pour cent du salaire médian dans un pays donné. Étant donné que le calcul des salaires médians ne tient pas compte des écarts salariaux excessifs (ce qui est particulièrement le cas dans les pays pauvres), il s’agit de savoir si cette méthode apporte réellement la bonne solution.

Emil Antonov, expert en politique international à la Confédération du travail (PODKREPA), a présenté les opportunités d’emploi et les conditions du marché du travail dans la région des Balkans. Il a dit qu’il considérait que les « Balkans » étaient stigmatisants et que le terme «  Balkanisation » était péjoratif. Il existe également d’énormes différences dans le salaire minimum dans les Balkans. Les Balkans occidentaux ne sont pas membres de l’UE. Il ne faut pas oublier que la région des Balkans occidentaux faisait partie de l’Empire ottoman au XIXème siècle. Il y a généralement un nombre important de travailleurs dans cette région qui obtiennent un passeport bulgare afin de pouvoir travailler en Europe occidentale. Plus tard, ces travailleurs évinceront également leurs familles dans le cadre du regroupement familial. La pandémie aura également des conséquences économiques imprévisibles dans ce domaine. Ici, le meilleur investissement doit être réalisé dans la formation, c’est la voie de l’avenir dans les Balkans occidentaux.

György Lajtai, directeur de l’Association des services consultatifs en matière de protection des intérêts (ÉTISZ) a parlé du salaire minimum dans le contexte de l’aspect du coût minimum de la vie. En Europe orientale, on constate que la majorité des gens ont accepté de n’obtenir que la somme d’argent nécessaire à leur besoin de consommation en nourriture en échange de leur travail. Le logement, le repos actif, l’apprentissage, l’épargne sont exclus de ce calcul. Le niveau de subsistance équivaut au niveau de pauvreté. En Hongrie, le salaire minimum a commencé à augmenter en 2015, les partenaires sociaux ont conclu un accord salarial de six ans en 2016 et en 2018, le salaire minimum a réussi à rattraper le minimum de subsistance.

Veselin Mitov, vice-président d’EZA et secrétaire international de PODKREPA, a dit que la plus grosse question sociale à l’heure actuelle était de savoir comment la deuxième vague de Covid-19 affecterait le marché du travail. La pandémie met en évidence la façon dont les travailleurs non protégés subissent de plein fouet l’impact de ces chocs majeurs sur l’économie. Les milliards de personnes dans le monde qui travaillent dans l’économie informelle sont les plus exposées aux conséquences économiques de la Covid-19. «  Nous devons faire face au fait que la crise économique actuelle est la plus grande récession mondiale depuis la crise économique mondiale qui a commencé en 1929 », a déclaré le secrétaire d’État. Soixante-dix pour cent de la population mondiale ne bénéficie pas de protection sociale. La seule réponse possible de l’UE à ce problème est l’approche créatrice d’emplois, pouvant être soutenue par le programme SURE. Veselin Mitov considère que la tâche des syndicats, principalement dans cette situation, est de dissiper de la désinformation. L’Europe aurait besoin d’un nouveau contrat social basé strictement sur la conciliation tripartite. Il est urgent de développer en profondeur le concept européen du salaire minimum. Il n’est pas possible de fixer un salaire minimum uniforme, l’uniformité en Europe peut équivaloir à soixante pour cent du salaire médian et à un minimum de cinquante pour cent du salaire moyen.

Dr. Judit Ivány Czugler, vice-présidente  de MOSZ a ajouté qu’il était juridiquement difficile de réglementer uniformément le salaire minimum européen. Que le principe de l’égalité de traitement devait être pris en compte. Que lors de l’établissement du salaire minimum, il fallait également prendre soin de répondre aux besoins du travailleur et de sa famille. Que le point initial de la Commission européenne déterminait que le salaire minimum devrait être fixé de manière à permettre au travailleur et à sa famille de vivre décemment et de ne pas être dupés.

Finalement, Dr. Imre Szilárd Szabó, chef de bureau de MOSZ, a résumé ce qui avait été entendu. Il a expliqué que le séminaire en ligne soulevait des questions extrêmement intéressantes. Outre le fait que les réunions en face-à-face offraient de plus grandes possibilités d’échanges spontanés, un certain nombre de situations passionnantes de questions-réponses ont émergé, et le nombre et la composition des participants a suggéré que ce mode de discours a permis d’offrir de plus grandes possibilités de participation.