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L'apprentissage tout au long de la vie : toute une vie d'avantages

En dépit des attentes, l’avenir exact est imprévisible. On peut en dire autant du monde du travail. Aujourd’hui, l’incertitude existe plus que jamais. Les changements rapides dans le monde du travail, les types d’emplois qui disparaissent et qui émergent, ainsi que la rapidité avec laquelle cela se produit, sont sans précédent. Ce que nous apprenons aujourd’hui à l’école pourrait bien être bientôt obsolète dès que nous entrerons sur le marché du travail.

L’apprentissage tout au long de la vie est la clé de la réussite. La formation proposée doit être constamment révisée et adaptée pour répondre aux besoins du jour et du moment. L’éducation et la formation sont devenues un point important du traité de Lisbonne qui a été signé en 2000. Ce système devait être une référence pour la qualité d’ici 2010. L’accent mis sur la qualité et l’importance qu’on lui a accordées montre que la formation et l’apprentissage tout au long de la vie étaient perçus comme essentiels. Et c’est un processus continu. L’apprentissage tout au long de la vie est essentiel pour une Union qui se perçoit comme Union du savoir.

Il est évident que la formation représente plus que le savoir seul. Elle donne de la valeur à la personne. Elle procure aux gens un sentiment d’appartenance et de pouvoir. Le pouvoir sur son propre avenir. Car le savoir acquis donne du pouvoir et de l’autonomie.

C’était le sujet du séminaire d’une journée qui s’est déroulé en ligne le 5 février 2021. Une soixantaine de dirigeants syndicaux originaires de vingt-deux pays européens ont discuté de l’importance de l’apprentissage tout au long de la vie. Le séminaire, organisé par la Krifa (Kristelig Fagbevægelse) (Danemark), l’Organisation mondiale des travailleurs (OMT), en coopération avec le Centre européen pour les travailleurs (EZA) et financé par l’Union européenne, a montré que les pays et les gouvernements devaient élaborer des stratégies portant sur la manière de promouvoir et d’intégrer davantage l’apprentissage tout au long de la vie.

M. Søren Fibiger Olesen, président de Krifa a ouvert le séminaire qui s’est déroulé en ligne en souhaitant la bienvenue à tous les participants. En raison de la pandémie de COVID-19, la pratique de certaines activités habituelles de la vie n’est plus possible et les possibilités de voyager sont également limitées. Or, Hans Christian Andersen a déjà dit que « voyager, c’était vivre ». Cela ne signifie pas que celui qui ne voyage pas ne vit pas. Mais pour H.C. Andersen, le voyage a enrichi sa vie. En ce sens, on peut aussi dire que « l’apprentissage, c’est la vie ». Le fait d’apprendre de nouvelles choses et de maîtriser finalement ces choses, rend la personne plus heureuse. Se former, c’est augmenter ses possibilités.

Mr. Luc Van den Brande, président d’EZA, a confirmé l’importance de l’apprentissage tout au long de la vie. Mais beaucoup trop de gens sont encore à la traîne, ce qui entraînera des difficultés à l’avenir. « Nous ne pouvons pas déconnecter l’apprentissage tout au long de la vie du monde global dans lequel nous vivons. Par l’intermédiaire d’EZA, nous proposons certes des formations et des projets, mais qui sont souvent principalement réservés à ceux et à celles qui sont déjà formé-e-s ». Van den Brande a souligné que la vision du dialogue entre les institutions de la société était l’un des facteurs les plus importants pour réussir à résoudre les défis, y compris avec une grande foule de personnes dans l’UE n’ayant pas suivi une formation longue, mais qui doivent apprendre tout au long de la vie.

Mme Martina Ní Cheallaigh, conseillère senior en formation professionnelle et en apprentissage des adultes à la Commission européenne a commencé dans sa présentation intitulée, « La politique récente de l’UE en faveur de l’apprentissage tout au long de la vie », par les réflexions d’Ursula Von der Leyen sur le fait qu’il « ne fallait laisser personne en arrière ». En se rendant compte que, dans l’UE, environ 50 millions d’adultes sont analphabètes, que le niveau d’abandon scolaire est encore beaucoup trop élevé et qu’il y a des millions de personnes qui ne reçoivent ni éducation ni formation après l’école primaire, on s’aperçoit qu’il a y a encore beaucoup de travail à faire. Certes, d’autant plus que les objectifs fixés pour la formation des adultes d’ici 2025 ne seront en aucun cas atteints. L’enseignement et la formation sont très importants pour prévenir les écarts entre ceux et celles doté-e-s de capacités et ceux et celles qui n’en ont pas. La formation est trop souvent perçue comme objectif individuel, mais les gouvernements et les pays devraient se rendre compte qu’ils devraient en venir à adopter la stratégie d’acquisition de « compétences » tout au long de la vie.

De nombreuses initiatives favorisant déjà la poursuite de l’apprentissage existent. Par exemple, on parle de « micro-qualifications », ce qui correspond à l’idée que les personnes devraient être en mesure d’être également certifiées lorsqu’elles suivent des cours moins approfondis et en fonction des activités comprenant l’apprentissage. Ce système de validation manque toujours. Tous les apprentissages ne se font pas par des moyens formels. En France et aux Pays-Bas, on parle de « comptes d’apprentissage individuels » pour les salariés. Elle a également mentionné l’europass/euro-CV qui est l’occasion de créer un CV pouvant être utilisé dans toute l’Europe. Le rôle et le besoin d’orientation sont importants pour beaucoup. Il en va de même pour les cours en ligne. Ceux-ci étant souvent très bien adaptés à ceux et à celles qui possèdent déjà certaines compétences, mais susceptibles d’être très problématiques pour d’autres.

Dans « Les appels au changement en faveur de nouvelles compétences et ce sont les compétences de chacun et de chacune qui devraient compter. Vision nordique du devenir de la région la plus durable, la plus intégrée et la plus compétitive », Mme Antra Carlsen, coordinatrice en chef du Réseau nordique pour l’apprentissage des adultes, a parlé des avantages de la coopération commune entre les pays nordiques et de la coopération partagée de l’UE, ainsi que de l’objectif pour y parvenir d’ici 2030. Apprendre les uns des autres s’est avéré très bénéfique. Elle a reconnu que les pays nordiques avaient un secteur public assez important qui était soutenu par une économie solide derrière les initiatives. Ce qui est un avantage. L’apprentissage tout au long de la vie est un domaine sur lequel on se concentre généralement, mais les choses ne se produisent pas d’elles-mêmes. Il est nécessaire d’élaborer des stratégies globales, économiques et coopératives non seulement au sein d’un pays, mais également d’un pays à l’autre. L’accent accru mis sur la technologie exige que les gens se forment s’ils veulent garder leurs emplois. Ce que l’on peut voir dans les pays nordiques, c’est qu’en général, les gens sont très motivés à apprendre. Cela est souvent lié au nombre d’années qu’ils ont passées à l’école alors qu’ils étaient jeunes. En dépit du niveau général d’enseignement élevé, on constate encore le tri de la main-d’œuvre. Ce tri ne fera qu’augmenter avec la diminution des emplois peu qualifiés. Chaque partie prenante devrait se concentrer sur l’importance de l’apprentissage tout au long de la vie.

Mme Gina Ebner, secrétaire générale de l’Association européenne pour la formation des adultes, n’a pu qu’approuver l’importance des réseaux et de la coopération. Dans sa présentation « L’apprentissage tout au long de la vie – la clé de l’avenir », elle a souligné l’importance de l’apprentissage. Nous faisons tous partie d’une grande société du savoir. L’apprentissage tout au long de la vie est l’un des outils pour s’attaquer à certains des problèmes majeurs en Europe tels que les inégalités, les défis en matière d’immigration, le climat, la radicalisation et le chômage des jeunes. Malheureusement, il y a certains groupes vulnérables dans la société qui ne voient pas de pertinence dans la formation. Peu importe la connaissance que l’on a sur les besoins et les développements, l’attitude d’un groupe plus vaste ne s’applique pas à leur cas. La nouvelle méthode consiste à créer un programme d’études/plan de formation centré sur la personne, au lieu de lui montrer ce qu’elle doit apprendre, ou combien cela est important pour la société. Plus on participe à la formation, plus on apprend et plus on éprouve que l’apprentissage est important.

La dernière intervenante, Mme Ellen Boeren, professeure à la l’École de formation de l’Université de Glasgow a parlé de la reconnaissance de la participation à l’apprentissage tout au long de la vie en tant que facteur important pour le savoir, la croissance économique et également le bien-être non économique ainsi que le bonheur individuel. Sa présentation intitulée, « Étude de la participation à l’apprentissage des adultes à la lumière de la crise du covid-19 », a montré qu’il existait de grandes différences entre les différentes régions d’Europe en matière de formation en général et d’apprentissage tout au long de la vie en particulier. En ce qui concerne la motivation à poursuivre l’apprentissage, elle a expliqué qu’un psychologue blâmerait le manque de motivation et le manque de mobilité sociale, qu’un économiste examinerait les coûts et regarderait qui les paierait, tandis que la politique sociale blâmerait les systèmes fiscaux défavorables à certains groupes de la société. Les gens ont cependant besoin d’y voir des avantages pour eux-mêmes. Qu’y a-t-il dedans pour eux ? Ce n’est pas toujours évident.

L’apprentissage tout au long de la vie est un axe fort de la Commission européenne actuelle ainsi que des précédentes. Mais le concept n’est pas toujours assez bien mis en œuvre. Cela diffère beaucoup non seulement selon les régions, mais également dans certains. Traditionnellement, on ne se focalise pas tellement sur l’apprentissage tout au long de la vie. Cela est en train de changer, mais peut provoquer d’autres différences dans la société. Seul le défi permettra de faire face à cette question. Apprendre en ce sens, c’est vivre véritablement. Les syndicats ont certainement un rôle à jouer et ils le font déjà en proposant des cours et en informant en général leurs membres et les travailleurs de l’importance de la formation continue. Cependant, nous tenons à dire clairement que nous sommes loin de la façon dont nous voulons que les choses soient faites, il reste donc beaucoup à faire.