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Représentants des travailleurs 2.0 – Le développement des capacités pour les syndicats et les organisations de travailleurs

Le thème du webinaire, qui s’est tenu les 10 et 11 décembre 2020, s’intitulait – « Représentants des travailleurs 2.0 – Le développement des capacités pour les syndicats et les organisations de travailleurs ». Au total, trente-sept participants de quatorze pays et quatorze conférenciers y ont participé. Un centre dédié a été installé à l’Institut catholique de Floriana d’où l’UHM et d’autres locuteurs maltais ont exposé leurs présentations, tandis que certains participants suivaient les délibérations sur un grand écran. L’événement était organisé par l’UHM Voice of the Workers, avec l’aide financière d’EZA et de l’Union européenne.

Aspects importants au cœur des débats

Les débats ont porté sur les défis existentiels auxquels étaient confrontés les syndicats à la suite de l’évolution rapide du marché du travail, des tendances de la syndicalisation des travailleurs et des stratégies visant à générer les ressources nécessaires pour que les syndicats fonctionnent efficacement.

Les autres aspects abordés portaient sur le rôle des organisations faîtières et sur la manière d’assurer un dialogue social efficace et la mobilité des travailleurs.

La recherche suggère fortement que la voix soutenue par les syndicats soit plus efficace que les solutions alternatives, particulièrement dans les circonstances d’adversité qui afflige les affaires, là où elle est la plus nécessaire. De plus, lorsqu’aucune représentation syndicale n’est sur place, les travailleurs n’ont souvent pour autre choix que d’accepter ce qui leur est offert. Souvent, c’est l’employeur qui choisit pour eux, la seule alternative étant de quitter l’entreprise ou son emploi.

Bien que les syndicats ne soient pas des entreprises à but lucratif, cela ne signifie pas pour autant qu’ils ne  puissent pas être dans le rouge et ne montrer aucun excédent au bilan. Sans excédent, il ne peut pas y avoir de croissance au sein d’un syndicat. 

À Malte, même si l’Union est financièrement totalement autonome du gouvernement, elle doit encore compter sur celui-ci concernant les nombreux aspects directement liés à sa capacité. À moins qu’il n’y ait un mécanisme de régulation de ce qui précède et jusqu’à présent, puisqu’elle dépend du gouvernement, l’autonomie se limite au bénéfice de ce dernier qui est censé être un acteur égal dans le dialogue social tripartite.

L’essentiel pour les syndicats et les dirigeants syndicaux est que l’ajout de nouveaux membres, tant dans l’ancienne que dans la nouvelle économie, est devenu plus difficile que le maintien des liens existants. Cependant, ce sont les moyens qui doivent changer et non pas les objectifs.

Le débat a également porté sur les nouvelles formes d’emploi, car celles-ci ont une incidence directe sur la pertinence des syndicats, en particulier dans le monde post-Covid-19 qui dépendra de plus en plus des installations éloignées à l’avenir.

Il est de plus en plus prouvé que la pandémie a réduit l’appétit pour la mobilité de l’emploi. L’augmentation des dépenses en ligne provoquée par l’épidémie a des répercussions sur la création d’emplois et la mobilité. À court terme, les emplois dans certains secteurs comme le tourisme sont durement touchés, ce qui creuse les inégalités de revenus et affecte la mobilité de l’emploi.

L’avènement de la soi-disant économie de plateforme pourrait entraîner une réduction de la mobilité de l’emploi, mais le gouvernement doit s’attaquer aux questions relatives aux droits des travailleurs. Dans ce cas, c’est la plateforme d’application de téléphonie mobile qui est l’employeur et, par conséquent, l’emploi de travailleurs autonomes par le biais de cette plateforme ne devrait pas être autorisé. Il est de plus en plus prouvé que la pandémie a réduit l’appétit pour la mobilité de l’emploi.

Entre-temps, l’augmentation des installations de travail à distance met à rude épreuve les salariés avec des enfants. Dans le cas des jeunes, ils sont plus résistants au virus, mais plus vulnérables aux restrictions. Dans l’UE, le chômage des jeunes a augmenté de 2,6 % entre mars et octobre 2020, représentant le groupe le plus élevé parmi tous les âges. Signifiant donc que les jeunes étaient les plus susceptibles de perdre leur emploi. 64 % des jeunes n’avaient jamais télétravaillé avant la pandémie, cependant  ceux-ci étaient les plus enclins à se mettre au télétravail après la pandémie.

Résultats et appels à l’action

Face au défi existentiel, les syndicats devraient s’engager en faveur de ce qui suit :

  • Unir leurs forces et collaborer les uns avec les autres pour relever certains défis par le biais d’organisations faîtières ou d’un front commun.
  • Établir une base de données de cas pouvant être partagée entre les syndicats des différents pays pour faciliter le transfert des connaissances.
  • Expérience partagée sur la façon dont les syndicats des différents pays pourraient intervenir ensemble comme UHM et USO, Solidarnosc et EZA l’ont fait en 2015 lors du litige impliquant Malta Public Transport dont la société mère est espagnole.
  • La revitalisation syndicale ne signifie pas que l’on doive remettre les choses en place, mais qu’on les fasse différemment. Ce qu’il faut organiser différemment,  c’est très probablement l’adhésion elle-même et ce qu’elle implique en termes d’engagements, de droits et d’obligations.
  • Des efforts doivent être accomplis pour que les nouveaux membres soient plus nombreux que les démissions, afin que les syndicats enregistrent un excédent en termes d’adhésions.
  • Des organisations telles que l’EZA devraient envisager des projets axés sur l’action pour ses membres syndiqués qui aimeraient grandement avancer en mettant en œuvre les connaissances acquises lors des séminaires. De tels projets basés sur l’action peuvent facilement être réalisés grâce aux fonds de l’UE exploités par EZA au nom des participants.

Le séminaire a également appelé à l’action sur les questions suivantes qui sont d’une importance cruciale pour le rôle pertinent des syndicats dans le paysage émergent de l’emploi :

  • Réglementation des plateformes en ligne qui créent une zone grise donnant lieu à l’exploitation des travailleurs et à de nouvelles formes d’emploi précaire.
  • Les défis en matière d’emploi doivent être abordés par la formation, une meilleure commercialisation de la main-d’œuvre, davantage d’investissements dans le travail à distance, des infrastructures de transport moins coûteuses pour faciliter les déplacements quotidiens, la résolution de la pénurie de logements, des prises de mesures et des incitatifs plus abordables et plus favorables aux familles dans les régions à faible revenu.
  • Plus de soutien de la part des syndicats aux employeurs en faveur du travail à distance, auquel certains milieux opposent leur résistance. Les conventions collectives sont un outil puissant pour promouvoir certains changements.
  •  Les initiatives de travail à distance devraient être complétées par des efforts en faveur de la mise en œuvre du droit à la déconnexion.

Conclusion

Le transfert de connaissances et le partage d’expériences entre les représentants syndicaux, les participants et les parties prenantes lors de tels événements sont importants, mais ne devraient pas être l’objectif ultime. La sensibilisation ne devrait être que le point de départ. Le succès de ces séminaires doit se mesurer aux résultats tangibles obtenus à long terme pour mettre en œuvre des projets axés sur l’action. À cet égard, le rôle de l’EZA est crucial car il peut être un catalyseur  de persuasion pour que ses membres adoptent une approche proactive et apportent le changement souhaité.