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Travail numérique : entre le désir d'auto-détermination et le besoin de dispositions statutaires et de réglementations légales du travail

Du 17 au 19 octobre 2019, un séminaire s’est tenu à Oostende, en Belgique, portant sur le thème suivant : « Travail numérique : entre le désir d'auto-détermination et le besoin de dispositions statutaires et de réglementations légales du travail », organisé par le Mouvement des travailleurs chrétiens d’Europe (MTCE/EBCA/ECWM), en coopération avec le Centre européen pour les travailleurs (EZA) de Königswinter et avec l’aide financière de l’Union européenne.

Trente-sept représentants d’organisations de travailleurs venus d’Allemagne, d’Autriche, de Belgique, d’Espagne, de France, d’Angleterre, d’Italie, du Portugal, de République tchèque, de Lituanie, et en tant qu’invités, des représentants de Suisse et du Brésil, ont participé au séminaire.

Le thème principal du séminaire était le phénomène de la numérisation et son impact sur la vie des travailleurs. Selon la méthodologie de Voir-Juger-Agir, ayant d’abord pris la parole, les intervenants ont fourni aux participants des visions du monde numérisé en fonction des différents points de vue. Luc Cortebeeck (Organisation internationale du travail) a fait connaître l’histoire de l’OIT, ses objectifs et ses priorités et présenté à cet égard les mesures à prendre et les défis de l’OIT dans l’avenir de la numérisation. Le chef d’entreprise Michael Hellweger (Sud-Tyrol) a fait état d’une société informatique mentionnant les dangers et les opportunités spécifiques pour l’économie et présenté des modèles de régulation du temps de travail – la manière dont l’entreprise résout la situation spécifique par rapport à ses employés. Le syndicaliste Pierre-Marie Molinier de la CGT France a concrétisé la perspective de l’ouvrier dans une usine de Bosch dans le sud de la France et apporté des expériences concrètes en lien avec l’évolution du travail. Au stade du jugement, Markus Vennewald, conseiller aux affaires sociales et économiques de la Commission des conférences des évêques de l’Union européenne (COMECE) est intervenu pour faire connaître le point de vue du COMECE sur l’avenir des emplois et présenter le récent document « Façonner l’avenir du travail ». Le dernier exposé, présenté par le membre de la KVW Sud-Tyrol et Karl H. Brunner, membre du MTCE, était une réflexion sur l’éthique de travail incomprise soulignant la nécessité de surmonter les visions étroites et de se préparer à d’éventuels modèles futurs. Parmi d’autres points, il a mis l’accent sur la sanctification du dimanche comme jour férié et jour de repos. Le travail du groupe de projet au sein d’EZA a été présenté par Jelena Soms (EZA, Lituanie) qui résume en même temps les aspects positifs et négatifs de la numérisation. Après chaque exposé, on a eu assez de temps pour poser des questions et faire des commentaires.

Tous les exposés ont établi les bases du travail dans trois groupes (la phase d’action). Chacune des trois séances de groupe a soulevé des questions auxquelles les participants ont cherché des réponses et tenté de définir les objectifs du travail du MTCE et des mouvements affiliés à l’avenir dans le cadre du phénomène de numérisation. La visite de deux projets sociaux faisait partie du programme : la FMDO (Fédération des personnes d’origine migrante) travaillant avec des groupes de migrants en Belgique, et Fietsbib (Bibliothèque de la bicyclette), un réseau qui prête des vélos pour les enfants jusqu’à douze ans, deux initiatives soutenues par des bénévoles.

Résultats du séminaire

Le résultat des discussions et du travail en groupes est la déclaration finale qui sera distribuée en quatre langues : en anglais, en allemand, en espagnol et en français. Tous les participants ayant reçu l’instruction de diffuser le document dans leurs mouvements et leurs pays l’obtiendront. Ce document servira également d’outil de formation et de point de départ pour les initiatives et les activités du MTCE et des mouvements affiliés à l’avenir.

Parmi les points les plus importants qui ont été mentionnés à plusieurs reprises au cours du séminaire, on trouve la thèse selon laquelle chaque individu doit continuer à être respecté en tant que personne, même si l’évolution technologique est plus rapide que l’évolution de la pensée humaine et les processus politiques qui peuvent conduire à ces changements. La nécessité d’utiliser modérément les médias numériques et avec une certaine autocritique a été soulignée. L’impact des technologies numériques sur la vie des familles et sur la compatibilité entre vie professionnelle et familiale est d’une grande importance. On souligné que le progrès technologique ne pouvait pas se produire à n’importe quel prix et que la question écologique devait être prise en compte. L’accent a également été mis sur le fait que le travail devait être stable et garantir aux travailleurs une vie décente.