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Renforcement du dialogue social : façonner l’intégration européenne

Du 23 au 26 mai 2018 s’est tenu à Skopje, dans l’Ancienne République Yougoslave de Macédoine, un séminaire dans le cadre du projet spécial d’EZA pour les organisations de travailleurs dans les Balkans occidentaux intitulé « Renforcement du dialogue social : façonner l’intégration européenne ». Ce séminaire était organisé par YHACM - UNASM - UIATUM (Union des Syndicats Autonomes Indépendants de Macédoine), avec le soutien d’EZA et de l’Union européenne. Il a rassemblé 49 représentants d’organisations de travailleurs venus d’Albanie, de Belgique, de Croatie, de Bulgarie, de l’Ancienne République Yougoslave de Macédoine, du Monténégro, de Serbie ainsi que des invités venus du Kosovo.

Objectif du projet :

Un dialogue social significatif et de grande qualité fondé sur un partenariat social actif en formant un groupe de travail pour l’élaboration d’un mémorandum de coopération de tous les syndicats indépendants de la région et au-delà, avec pour objectif de disposer de davantage d’activités de qualité pour l’amélioration des droits des travailleurs ainsi que de voir le droit d’association (d’adhésion) exercé par les chômeurs, les étudiants, les travailleurs précaires, les retraités et de demander via ce mémorandum une modification du Code du travail.

Seule une approche qui comprend les changements radicaux qui s’opèrent dans les consciences et les comportements des partenaires et des acteurs sociaux ouvrira des perspectives qui permettront d’apporter des solutions relativement acceptables sur le long terme aux problèmes suivants :

  • Comment faire disparaître les formes inhumaines de comportements dans le monde du travail.
  • Trouver des mécanismes, des principes et des indicateurs ainsi que des pratiques de partenariat social, avoir des conversations franches, courageuses et bien argumentées sur le futur et non le passé.

Le programme du séminaire comprenait les activités suivantes :

Présentation du projet et présentation des engagements d’EZA quant au renforcement des organisations membres d’EZA. Il a également été indiqué que les syndicats dans les Balkans occidentaux devraient continuer à être renforcés, avant tout en raison des développements politiques qui marquent la région et rendent le travail des syndicats plus complexe.

M. Slobodan Antovski, président de l’UNASM, a dûment noté que les représentants du Ministère du Travail et des Politiques Sociales ont été informés et invités à l’évènement mais qu’ils ont annulé leur participation au dernier moment, ce qui en dit long sur la qualité du dialogue social dans le pays quand l’une des principales parties ne ressent pas le besoin d’être présente ni de donner son avis.

Présentation d’EZA et des futures activités par M. Norbert Klein, chargé de politique pour l’Éducation et la Formation. Ce dernier a déclaré qu’EZA devait répondre au défi de travailler sur le développement du dialogue social dans la région. Les programmes sont conclus sur la base de projets délivrés par les membres d’EZA puis EZA les transmet à l’UE qui les approuve et les met en œuvre selon les projets de chaque membre. Hormis les syndicats, EZA travaille avec des organisations culturelles, des instituts de recherche et autres. M. Klein a souligné l’importance des recherches scientifiques, leurs résultats étant d’une grande aide pour le processus de création des politiques. Il a indiqué que pour obtenir un meilleur dialogue social, il est nécessaire de respecter les normes existantes : la confiance, le sérieux, des éléments contraignants, la volonté d’obtenir conjointement des résultats positifs.

Le professeur Konstantin Petkovski, docteur à l’Université St. Kliment of Ohrid, Faculté de droit, à Bitola, a fait un exposé sur le thème « Renforcement du dialogue social en République de Macédoine sur le modèle des exemples des pays de l’UE ». Le dialogue social est une méthode ou un outil pour la promotion de la justice sociale et il est important pour répondre aux intérêts sociaux et économiques. Le processus intègre les principes démocratiques de base, ce qui signifie que les individus peuvent influencer les décisions qui sont adoptées et que leur voix est entendue. De plus, le professeur a présenté plusieurs aspects du dialogue social et de son application dans les États membres de l’UE.

La structure et les processus couronnés de succès dans le contexte du dialogue social peuvent permettre de résoudre d’importants problèmes économiques et sociaux, feront la promotion de la paix et de la stabilité sociales et industrielles et aideront à obtenir la croissance économique prévue.

La représentante Slavica Jaukovic, coordinatrice de syndicat de branche au Monténégro, l’Union des Syndicats Indépendants du Monténégro, a parlé de trouver des mécanismes pour aboutir à de bonnes relations de partenariat entre les partenaires sociaux au Monténégro, conformément à la législation et à l’application des normes européennes.

Lazo Lekovic, représentant du Syndicat Indépendant des activités du secteur de l’information, du graphisme et de la publication au Monténégro, a appelé à une plus grande implication et à une participation plus active des médias pour accroître leur intérêt à rejoindre le mouvement syndical et il a souligné que le problème de la représentation médiatique se retrouve à la fois dans les syndicats et dans les médias. Plusieurs participants ont affirmé qu’il existe un problème dans la région, avec une grande division des syndicats qui ne collaborent pas.

Aleksandar Zagroov, président régional de PODKREPA, a parlé des expériences et des activités que PODKREPA met en œuvre eu égard à l’amélioration des droits des travailleurs. Il a également mentionné qu’un grand nombre de villes en Bulgarie dépendent des centres commerciaux construits par des sociétés multinationales. Il a mis en avant le fait que les syndicats doivent évoluer de manière à pouvoir s’adapter aux évolutions actuelles. Le CES en Bulgarie est structuré conformément au modèle européen. Il inclut les syndicats, les employeurs et le gouvernement ainsi que des ONG et des experts.

Marjan Risteski, président de la Confédération des organisations syndicales de Macédoine (KSOM), a souligné l’importance du dialogue social et de la construction d’un dialogue social de qualité en suivant les principes d’égalité et de solidarité qui font défaut dans les pays des Balkans occidentaux. Il a exprimé sa reconnaissance envers l’UNASM pour l’initiative qui a été lancée pour la coopération entre les syndicats. On peut dire qu’il y a une légère amélioration par rapport à la situation sous le gouvernement précédent car désormais, tous les syndicats sont inclus dans les discussions.

Témoignages de :

-Dritan Korumi, président de l’Union des Syndicats Indépendants du secteur de la santé (BSPSH)

-Avnij Ajdini, président de l’Union des Organisations Syndicales Indépendantes du Kosovo (BSPK)

-Njegos Potezica, président du syndicat serbe CATUS

-Marija MARTINIC, représentante de NEZAVISNOST, Serbie

-Jadranko Vehar, EUROFEDOP

-Bert Van CAELENBERG, EUROFEDOP

Les représentants des autres syndicats de la région ont étayé le débat des intervenants précédents et ont confirmé que le dialogue social dans les pays des Balkans occidentaux a légèrement progressé mais que la situation reste plus ou moins la même. Il n’y a aucune solidarité, aucune information transmise par les gouvernements et les organisations syndicales, qui sont leurs subordonnées, la situation des travailleurs s’est détériorée, aucun emploi n’est sûr, le salaire minimal n’est pas respecté dans le secteur privé, les heures supplémentaires ne sont pas rémunérées et on observe une énorme fuite des cerveaux.

Bert de EUROFEDOP a déclaré qu’un certain équilibre devrait être atteint et que pour ce faire, il est nécessaire pour les partenaires sociaux de s’asseoir ensemble autour de la table. Il a salué l’idée de signer un mémorandum de coopération mais, sur la base de ce mémorandum, certains secteurs devraient également être abordés. Les membres des syndicats issus des Balkans ont remercié EZA pour le travail ainsi que l’éducation et la formation qu’elle fournit et qui sont d’une grande utilité pour eux. Bert a encouragé les organisations syndicales à se tourner vers l’OIT et le Conseil de l’Europe, qui ont une charte sociale et, si nécessaire, à avoir recours à la Cour de Justice étant donné que les pays des Balkans sont signataires de cette charte.

Mile Boskov, président de la Fédération des Entreprises de Macédoine, a affirmé que toutes les parties sont en cause car personne n’agit mais tout le monde parle. En tant que représentant des employeurs, il pense que nous devrions parler avec les partenaires de tous les problèmes importants, mais que nous n’avons pas de lobbyistes qualifiés. « Je ne vois aucun représentant syndical dans les commissions parlementaires, à l’exception de Divna qui participe au Comité pour l’égalité des chances. On ne débat pas de la charte sociale en République de Macédoine ».

CONCLUSIONS

  1. La participation de plusieurs acteurs de l’UE aidera les pays de la région à construire un réel modèle pour un dialogue de qualité supérieure.
  2. Les organisations syndicales devraient élaborer des stratégies et des programmes et rassembler leurs efforts pour reconnaître les besoins des jeunes et diriger les ressources sociales afin de répondre à ces besoins.
  3. Il faut renforcer les valeurs morales et spirituelles des travailleurs.
  4. Il faut encourager les travailleurs à adhérer à des organisations syndicales.
  5. Il convient de s’engager à respecter les principes syndicaux de base : solidarité, égalité, humanité et justice sociale, égalité des chances dans le logement et la santé et protection de la famille.
  6. Les membres doivent être qualifiés.

Conformément aux objectifs stratégiques pour l’amélioration des conditions sur le marché du travail, les participants à ce séminaire ont pour mission de se consacrer à l’amélioration des opportunités, à la fois pour les hommes et pour les femmes, d’apporter la sécurité et la dignité humaine ainsi qu’un emploi décent et une amélioration de la protection sociale. Les expériences et les pratiques tirées des autres pays nous motiveront à avancer.