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Conférence EZA de Bruxelles 2023

Deux jours de discussions sur les politiques anti-inflation en Europe et le rôle des organisations de travailleurs

La deuxième édition de la Conférence EZA de Bruxelles visait à examiner quelques-unes des politiques adoptées aux niveaux national et européen pour lutter contre l’inflation et le rôle des syndicats dans ce contexte.

Les participants du premier panel, dédié à la politique salariale, étaient unanimes à reconnaître le rôle-clé des partenaires sociaux et du dialogue social pour contribuer à préserver le pouvoir d’achat des travailleurs. Sans surprise, les perspectives des employés (Veselin Mitov, Podkrepa) et celle des employeurs (Isaline Ossieur, BusinessEurope) divergent cependant quant à la contribution d’une hausse des salaires sur le niveau des prix. Quant au rôle du politique, Dennis Radtke (Parlement européen, PPE) a souligné que l’Union européenne, et en particulier le Parlement européen, n’étaient pas aux commandes lorsqu’il était question d’apporter des solutions à court terme. L’UE a toutefois apporté une contribution majeure avec l’adoption de la directive sur les salaires minimaux adéquats. La directive est un instrument-clé que les syndicats peuvent utiliser dès maintenant pour appuyer leurs revendications salariales, a insisté Torsten Müller de ETUI, en rappelant les exemples belges, autrichien et hollandais.

Un autre instrument utilisé pour lutter contre l’inflation est la politique monétaire, qui a fait l’objet du second panel. David Sondermann (BCE) a donné un aperçu de l’action récente de la Banque Centrale Européenne pour faire face à la poussée inflationniste. Il a également souligné que la hausse des prix actuelle n’était pas uniquement due à des facteurs d’offre comme la guerre en Ukraine ou la pandémie, mais également à un choc de la demande dans l’UE. Toutefois, selon les syndicats, les hausses successives des taux d’intérêt décidées jusqu’à présent par la banque centrale ont un impact pour le moins incertain sur l’inflation. Bien plus, étant donné leur impact négatif sur la croissance et l’emploi, „le remède risque d’être pire que le mal“ a averti Renaat Hannsens de la ACV. Clément Fontan (Université Catholique de Louvain) a reconnu que l’actuelle BCE était plus ouverte à reconnaître la contribution de facteurs comme la hausse des profits dans l’actuelle crise de l’inflation. Il suggère que l’institut de Francfort prête une attention accrue à ses objectifs secondaires (croissance, emploi) et non seulement à la stabilité des prix et appelle le Parlement européen à lui apporter son concours.

La dépendance externe de l’UE pour son approvisionnement en matières premières critiques a fait l’objet du troisième panel. Ainsi, le conflit en Ukraine et les sanctions vis-à-vis de la Russie ont-elles abouti à la flambée des prix de l’énergie – l’une des principales composantes de l’inflation actuelle. Outi Slotboom (DG marché intérieur, Commission européenne) a présenté les principaux piliers de la stratégie d’autonomie ouverte de l’UE, le plan de l’Union pour mettre fin à sa dépendance des importations. Alexander Conway (Resilium) a quant à lui mis en lumières les questionnements que cette stratégie suscite, notamment l’impact social et environnemental de sa mise en œuvre.