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Décision de 2022 : améliorer les conditions de travail des conducteurs de longue distance

Après trois ans de négociations, les chauffeurs de camions d'Europe de l'Est seront les principaux bénéficiaires à partir de 2022.

Un parking pour camions en France. Photo : Portail audiovisuel de la CE

A l’issue de trois années de négociations, les eurodéputés ont donné leur feu vert au train de mesures sur la mobilité régulant les conditions de travail des chauffeurs de poids lourds – ce faisant, ils ont rejeté tous les amendements déposés par les États-Membres d’Europe centrale et orientale.

A partir de 2022, les chauffeurs de poids lourds d’Europe de l’Est ne seront plus lésés en percevant un salaire bien moindre que leurs collègues d’Europe de l’Ouest. Bientôt, ils ne seront plus consignés dans leur cabine aussi souvent.

Les nouvelles règles européennes applicables au transport routier visent à mettre un terme aux distorsions de concurrence dans le secteur tout en assurant de meilleures conditions de travail pour les chauffeurs, surtout ceux originaires des États-Membres orientaux de l’Union.

A titre d’exemple, les chauffeurs polonais et roumains restent bien moins chers que leurs homologues d’Europe de l’Ouest. Par conséquent, les premiers sont aussi employés autant que faire se peut en Europe de l’Ouest, souvent par des sociétés « fantômes », qui ne sont fréquemment que des boîtes aux lettres et paient des salaires moins élevés.

Des règlements uniformes pour la totalité de l’Europe

Le changement interviendra dès le début de 2022. A cette date, tous les chauffeurs seront en droit de percevoir une rémunération qui ne pourra être inférieure à celle versée à leurs collègues locaux. Les travailleurs d’Europe de l’Est resteront un peu moins chers en raison, par exemple, des contributions à l’assurance-invalidité qui restent plus faibles.

L’UE entend également veiller à un meilleur contrôle du respect des règles. A titre d’exemple, un camionneur, qu’il soit hollandais ou slovaque, doit « récupérer » durant quatre jours après trois missions à l’étranger. Un camionneur doit retourner à sa base principale toutes les huit semaines afin d’éviter que certains ne travaillent en permanence à l’ouest. Des tachygraphes numériques intelligents doivent contribuer au suivi de ces règles. Les camionnettes de plus grandes tailles doivent aussi être équipés d’un tel dispositif.

A partir de cet été, chaque chauffeur sera en droit de passer du temps à son domicile toutes les trois ou quatre semaines. Camper dans sa cabine durant tout un weekend sur le bord de la route ne sera plus une option. L’employeur devra, le cas échéant, organiser la mise à disposition d’un logement.

Satisfaction du côté des syndicats

Les syndicats se félicitent des nouvelles règles tout comme les démocrates-chrétiens, les libéraux et les socialistes du Parlement européen. Ils soulignent qu’elles ne sont pas seulement bénéfiques pour les chauffeurs mais concourent à rendre les routes européennes plus sûres. Bientôt, les camionneurs seront mieux reposés derrière le volant. Toutefois, le principe « à travail égal, salaire égal » n’est toujours pas garanti, s’insurgent les Verts. En revanche, les conservateurs craignent que les règles ne portent atteinte au marché intérieur. Ils appréhendent aussi la multiplication des embouteillages et les dommages causés au climat et à l’environnement.

La Commission européenne se préoccupe aussi de ces derniers. Les kilomètres supplémentaires en camion n’augurent peut-être rien de bon pour les plans d’une UE neutre pour le climat d’ici 2050. La comission entend analyser les répercussions des règles sur les objectifs en matière de climat et sur le marché intérieur.

Les nouvelles règles applicables au transport routier sont en pourparlers depuis des années. Les nouveaux temps de conduite et de repos entreront en vigueur après la pause estivale. Eu égard aux autres règles, le secteur obtiendra une période d’adaptation plus longue.

(Mon Verrydt, bureau de l’EZA, Bruxelles)